Intrigue n°2 ⚝ De l'autre côté du miroir.

Je scrute l'horizon, personne à perte de vue, je suis enfin tranquille. Chez moi, il m'est impossible de pratiquer la magie. Ce n'est pas que mes parents ou mes grands frères qui m'en auraient empêcher, bien au contraire. Par contre, je ne suis pas tranquille quand je fais de la magie au manoir. Chacun y va de son petit commentaire désobligeant. Je refuse de faire du mal aux autres par simple plaisir et ça, ils ne le comprennent pas. Aucun d'eux ne peut comprendre que je n'ai pas cette fibre agressive qu’ils partagent tous. Je suis étrange pour eux et ils ne manquent pas de me le faire remarquer. Alors, je passe le plus de temps possible loin d’eux, je m’entraine le plus souvent possible dans la forêt avoisinante du domaine familial. Là, je sais que je suis tranquille et si je dois faire des erreurs, ils n’en sauront rien.

Je prépare donc la nouvelle potion que j’ai créée par moi-même, j’aime créer des potions et trouver de nouveaux moyens pour mon bien-être personnel. Si je ne suis pas mauvaise comme les membres de ma famille, j’ai un côté vraiment égoïste et j’aime mon confort. Sinon, cela ferait longtemps que j’aurais quitté ma famille. Malheureusement, sans eux, je n’ai plus la belle vie telle que je la vis actuellement.

"Pour que toujours je sois tranquille
Faites que la vie soit facile
Maintenant et pour toujours"

Je m'apprête à lancer un petit sac avec divers ingrédients dedans. J'espère qu'enfin, ma vie sera plus sereine. S'il devait me manquer quelque chose dans ma vie pour l'instant, c'est la tranquillité et l'apaisement. Vivement, je me retourne, je viens d'entendre un bruit de feuilles mais cela me semble si lointain, je continue ma petite affaire. Un petit éclair apparaît quand le sac touche le sol, là même où j'ai fait un cercle sacré de sel. A nouveau, j'entends des bruits de pas dans les feuilles mais cette fois-ci, les bruits se font plus proches et je panique.

J'abandonne mon cercle de sel et mon petit sac qui a brûlé pour m'échapper aussi loin que possible. Il se pouvait que mes frères aient compris mon stratagème et m'aient retrouvée dans le fin fond de la forêt. Et à présent, ils veulent peut-être s'en prendre à moi juste pour le plaisir. Je m'enfonce dans la forêt, tournant parfois la tête pour voir si mes poursuivants se rapprochent ou pas. Dans ma course folle, je percute quelque chose qui me fait trébucher. J'espère juste que c'est un arbre et pas un de mes poursuivants...

Ces derniers temps Louise n’était pas la personne la plus joyeuse. Elle avait perdu son petit frère et son époux. Ils avaient été enlevés par des démons et elle n’arrivait pas à les retrouver. Elle ne savait même pas s’ils étaient encore en vie. Ses pouvoirs ne l’aidaient malheureusement pas. Soit ils n’étaient pas assez développés, soit ses émotions la conduisaient à faire des bêtises, ne l’aidant pas à faire ce qu’elle devait faire correctement.

L’hybride était allongée dans son lit, observant le plafond, passant de souvenir heureux à souvenir douloureux. Elle s’en voulait, elle était là quand ils s’étaient faits enlevés et elle n’avait rien pu faire, alors forcément, tout cela la travaillait. Essuyant une larme, l’hybride se leva un peu de son lit. Les membres endoloris, elle peinait à marcher, combien de temps avait-elle encore passé allongée à fixer le vide, pensant aux êtres qui lui manquaient ? Beaucoup trop de temps sans doute, mais elle avait besoin de se reposer un peu, car le reste du temps, elle le passait à fouiller le monde sous-terrain à la rechercher de son époux et de son petit frère. Même si elle n’arrivait pas à fermer les yeux, elle s’allongeait, en attendant d’être exténuée, en attendant de ne plus pouvoir garder les yeux ouverts. Mais cette fois-ci, la brune n’arrivait pas à se reposer, s’en voulant de passer l’après-midi dans son lit. Alors une fois dans la cuisine, elle se força à avaler un petit quelque chose, observant la table et les chaises, car c’était le dernier endroit où elle avait vu son époux et son petit frère en vie. Elle n’y restait que peu de temps ne supportant pas de s’y retrouver, mais en remontant dans sa chambre, Louise aperçu un drôle de miroir au milieu de la pièce. Il n’était pas là quelques instants plus tôt. Étrange. La brune n’osait pas s’y approchait, passant presque une heure assise sur son lit en regardant le miroir, attendant que quelque chose se passe, mais rien. Dans un soupir, la brune s’était de nouveau levée, pour aller observer ce miroir de plus près, mais en déposant sa main sur la vitre, la brune avait été comme aspirée par ce dernier. Enfin, c’était ce dont elle se souvenait, mais n’était certaine de rien, car en quelques instants, l’hybride s’était retrouvée au beau milieu d’une forêt et sans miroir.

Pas le temps de réfléchir, puisqu’en quelques secondes, la brune remarqua qu’un grand groupe de personnes couraient en sa direction. Elle ne comprenait pas pourquoi, mais ils n’avaient pas l’air très sympathiques, alors elle prit la fuite, sans réellement comprendre pourquoi elle faisait cela. Elle courait en regardant derrière elle, toutes les deux secondes, et en courant, elle avait percuté une jeune femme. Une fois au sol, la brune se recula de quelques centimètres. Ne sachant pas qui était cette femme et ne sachant pas ce qu’elle faisait là, alors que le groupe en colère s’approchait. « Qui êtes-vous ? » La brune attendait juste une réponse qui allait lui faire comprendre que cette inconnue ne lui voulait pas de mal, mais à aucun moment, elle ne s’était dit qu’elle allait peut-être devoir lui prouver que ce n’était pas une menace et elle ne s’était pas non plus doutait que le groupe qui arrivait chassé les sorcières et qu’elle allait devoir les convaincre qu’elle n’en était pas une.

Je continue à courir jusqu’à ce que ma course folle ne prenne fin promptement. Je venais de bousculer quelque chose. Ou plutôt, quelqu’un puisque j’entends une petite voix s’élever alors que je tente encore de reprendre mes esprits. C’est une voix que je ne connais pas et il semblerait que la femme qui me parle ne me connait pas non plus puisqu’elle me demande qui je suis. Je suis rassurée de voir qu’il ne s’agit pas d’un de mes frères qui m’ait rattrapé mais cela n’éloigne pas le danger pour l’instant.

« Je m’appelle Calliope, Calliope Orsini et vous ? »

Je la regarde de pied en cap, ce petit bout de femme n’en impose pas vraiment et effectivement, le danger ne viendrait pas d’elle mais bien de la horde qu’on entendait au loin. Je n’étais pas du genre à aider ou à me faire facilement appréciée des autres, j’avais un tempérament un peu délicat pour que cela soit le cas. Je ne proposais donc pas ma main à la jeune femme, à la place, je me mis à courir et lui dis :

« Vous feriez mieux de courir vite ! Les gens d’ici n’aiment pas trop qu’on se perde dans cette forêt, ils pensent qu’on y fait des choses bizarres ! »

Je ne lui parle pas de magie mais c’est bien de cela que je parle. Les gens de la ville pensent que la forêt est un lieu occulte et ils viennent souvent faire des descentes dans cette forêt. Entre mes frères ou les gens en colère, j’hésitais à savoir qui en avait après l’une de nous deux. Était-ce les habitants qui en avaient après elle et je me retrouvais en plein milieu de leur querelle ? Ou alors, était-ce mes frères qui voulaient me faire une farce et que la brune se retrouvait en plein milieu de nos querelles familiales ? Ou alors, ces habitants n’en avaient ni après elle ni après moi mais cherchaient simplement une victime à sacrifier au nom de Dieu ?  Dans tous les cas, il fallait prendre ses jambes à son cou et je ne voulais surtout pas que l’on tombe sur moi dans ces bois, je préférais sacrifier cette femme que je ne connaissais. Alors, je repartis dans ma course folle sans regarder en arrière. Malheureusement, à cause de ma rencontre avec la brune, j’avais perdu le fil de ma course et  j’étais tout simplement perdue. Je m’arrête deux secondes de courir et c’est trop… J’entends les bruits qui se rapprochent, j’entends et je vois des torches, nos poursuivants sont très proches à présent…

« Saperlipopette ! »

Je file à nouveau sur mes pas et revient vers la jeune femme, je lui passe devant et dis :

« Vous devriez faire demi-tour ! »

Je lui montre les torches qui brûlent derrière moi…