Intrigue n°2 ⚝ De l'autre côté du miroir.

Arthur se trouvait tranquillement installé chez lui, sa petite fille jouant dans un coin du salon. Un papier à la main, l'homme tentait de comprendre une histoire de terrain et d'héritage dont il devait s'occuper. Son esprit était pourtant ailleurs. Les mois s'étaient écoulés depuis la mort de son épouse, mais elle restait toujours présente dans son esprit. Il ne pouvait s'empêcher de penser à elle. Il ne pouvait s'empêcher de culpabiliser. S'il n'avait pas été ce monstre autrefois, elle ne serait pas morte. C'était une évidence. Aujourd'hui il faisait tout pour protéger son unique enfant, symbole de l'amour qui l'unissait à sa femme. Son enfant était son trésor, pour elle il avait renoncé à faire le mal. Mais aujourd'hui son passé le rattrapait. Il ne voulait plus faire le mal, mais il ne pouvait pas laisser une de ses anciennes victimes dans les parages. C'était un risque trop grand, qu'il refusait de prendre. Alors s'il fallait se salir les mains une nouvelle fois pour protéger sa famille, il le ferait sans la moindre hésitation.

Il fut d'ailleurs sorti de ses pensées par une apparition soudaine : celle de cette victime. A croire qu'elle avait entendu ses pensées et ses craintes pour apparaître au bon moment. Oswin se mit immédiatemment debout, se positionnant entre sa fille et la sorcière. Il l'observa un instant, la trouvant différente. Elle portait des vêtements étranges, mais il ne s'en inquiéta pas. Il la trouvait simplement... différente, sans être capable d'expliquer pourquoi. « Tu n'aurais jamais dû remettre les pieds ici, sorcière ! » lui cracha-t-il, le regard noir et furieux. En présence de sa fille, il ne savait que faire. Il hésitait à la téléporter dans sa chambre, mais il craignait un piège, il craignait que d'autres sorciers ne l'attendent là-haut pour lui enlever. Alors son premier réflexe fut de faire apparaître une boule de feu dans sa main, prêt à attaquer si nécessaire et au moindre geste suspect, faisant bouclier pour empêcher tout coup d'atteindre sa petite fille derrière lui.

Endormie sur mon lit, j’ai un haut-le-cœur violent. Depuis quelques semaines, je n’arrête pas d’avoir des nausées matinales, c’est d’ailleurs cela qui m’a mis la puce à l’oreille sur ma grossesse. Se pouvait-il que je sois réellement enceinte ? J’avais alors fait le test qui s’était avéré positif… Je sors précipitamment de mon lit et me dirige directement dans les toilettes de ma salle de bain pour me soulager dans le wc. Cela dure quelques secondes mais ce sont des secondes qui me semblent toujours interminables. Je n’ai presque rien avalé depuis hier soir et je finis par n’avoir plus rien à sortir de mon estomac. Je prends du papier toilette et m’essuie la bouche tout en tirant la chasse d’eau. Puis, je reste quelques secondes assise par terre, profitant de la fraîcheur du carrelage de la pièce. Je me relève enfin difficilement et m’asperge d’eau sur le visage pour me réveiller. Je me regarde à peine, je profite d’être levée pour prendre ma douche. Une fois bien réveillée par ce petit tour sous le jet, je sors, m’essuie et m’habille rapidement. Un simple jean et un débardeur blanc feront l’affaire pour l’instant, en tout cas, je peux encore les mettre, il viendra un moment où j’allais devoir changer ma garde-robe. Je me maquille et me coiffe en vitesse avant de retourner dans ma chambre où je découvre un miroir. Je n’ai pas de miroir dans ma chambre, je n’en ai jamais eu et celui-ci est apparu miraculeusement. Je fronce les sourcils et m’approche de ce dernier, imperceptiblement attirée par lui. Je me mets de profil pour voir si mon ventre s’arrondit et c’est à peine si c’est le cas mais je me sens déjà l’âme de le protéger comme jamais. Je me remets de face quelques minutes plus tard et je m’approche du miroir, je pose ma main dessus.

Je suis aspirée par ce dernier, je me sens disparaître et tourbillonner dans un monde cotonneux. Je ferme les yeux, me demandant si je n’allais pas avoir à nouveau la nausée… Je les rouvre quand j’atterris sur les fesses au milieu d’une maisonnette où j’entends un cri d’enfant autour de moi. J’écarquille les yeux en voyant ce père avec cette petite fille, habillés d’un autre temps… Ils ont l’air étrange et toute la situation me semble irréelle. M’étais-je endormie à nouveau ? Était-je sur le sol de ma salle de bain, endormie après une journée qui avait été difficile la veille et la fatigue de la grossesse ? Je n’ai pas le temps de répondre à toutes ces questions que le type se met debout et dans un élan de protection se dirige vers sa fille. Je ne peux que le comprendre, j’apparais comme ça dans son salon, il est clair que cela semble menaçant. Par contre, je ne comprends pas ce qu’il me dit, il le dit dans un langage que je connais mais le message n’a aucun sens… Il me crache sa phrase au visage, l’air furieux et agressif, comme si nous nous connaissions… J’écarquille encore les yeux mais surtout, je lève les bras, en signe de paix.

« Je ne vous veux aucun mal ! Je…. Je ne sais pas ce que je fais ici ! Je… Qui êtes-vous ? »

Il m’a traité de sorcière mais ça, je peux encore le comprendre, j’apparais en plein milieu de son salon, clairement, ça ne peut être que de la magie, j’aurais pu lui dire la même chose si nos situations étaient inversées. C’est alors que les choses deviennent plus étranges et irréelles encore, une boule de feu apparaît dans la main du jeune homme et, sans m’en rendre compte, un cri sort de ma bouche…

« Ne… ne me faites pas de mal ! Je suis enceinte ! »

Comme si ça pouvait compter… peut-être, il était père lui aussi et il semblait avoir un instinct de protection, cela fonctionnerait peut-être… Je n’avais rien à perdre à essayer de jouer sur la corde sensible…

Arthur essayait de devenir quelqu'un de bien. Il essayait d'être la meilleure version de lui-même pour sa fille, pour qu'elle soit en sécurité. La perte de sa femme avait été une révélation pour lui. Ce qu'il était mettait les siens en danger. Aujourd'hui, il ne voulait pas voir sa fille unique en danger par sa faute. Il ne supporterait pas de la perdre. Alors il tentait de ne plus faire le mal. C'était malheureusement sans compter sur son passé qui le rattrapait. Sur cette ancienne victime qui voulait se venger. Arthur devait, une fois encore, agir et se protéger. Protéger sa fille. Il tuerait cette femme sans la moindre hésitation si cela pouvait lui assurer la paix et la sécurité. Son côté maléfique n'était, après tout, jamais loin.

La présence de la sorcière, qui venait d'apparaître en plein milieu de son salon, en était la preuve. La preuve de ce passé qui était en train de le rattraper. L'homme se leva sans perdre une seconde, se positionnant devant son enfant pour lui servir de bouclier et la protéger. Son regard en disait long sur ce qu'il ressentait, tout comme ce qu'il lui avait dit, la menaçant sans perdre une seconde. Sans comprendre pourquoi, la sorcière était en train de jouer la comédie, simulant de ne rien comprendre, se protégeant de ses bras, jurant qu'elle ne lui voulait aucun mal. Ces actions avaient le mérite de le déconcentrer un instant, mais il se reprit rapidement, sans un mot, sans répondre à ses questions.

Il ne voulait pas téléporter son enfant dans sa chambre, craignant un piège. Un combat devant son enfant n'était pas non plus sans danger, alors il était perdu. Il ne savait comment agir, craignant un piège parce qu'il ne connaissait rien des plans de la sorcière. Le père se décida donc à faire naître une boule de feu au creux de sa main, prêt à attaquer la sorcière au moindre mouvement. Cette apparition fit crier la sorcière, ce qui déstabilisa de nouveau le père de famille. Ce n'était pas la première fois qu'ils s'attaquaient, elle connaissait ses pouvoirs. Pourquoi cette peur et cette surprise, cette fois-ci ? La sorcière le supplia alors de ne pas lui faire le moindre mal parce qu'elle était enceinte. Le regard d'Arthur changea légèrement, il se questionnait trop pour rester aussi en colère. Si c'était un piège de la sorcière, son plan marchait à merveille. Il se déconcentrait. « Tu espères m'attendrir avec tes mensonges ? » cracha-t-il, la boule de feu toujours au creux de sa main. « Je voulais te laisser la vie sauve ! Tu aurais eu la vie sauve si tu ne persistais pas à vouloir te venger ! Maintenant, il est trop tard ! » Ajouta-t-il, reprenant presque aussitôt : « Tu as une minute pour m'expliquer ce que tu fais là, m'expliquer tes plans et me dire si je dois attendre la venue de tes amis. Tu as deux solutions, tu me dis tout et tu mourras vite ! Tu ne veux rien dire et je peux te jurer que tu regretteras chaque seconde. » la menaça-t-il en lançant la boule de feu juste à côté d'elle, comme une mise en garde. « La prochaine sera pour toi. » dit-il en faisant naître une nouvelle boule de feu, prêt à la viser sans la tuer, juste à la blesser suffisamment pour la faire parler plus vite et être ainsi plus vite en sécurité.