[Terminé] De retour à San Francisco ⚝ Judith

Amaya était de retour à San Francisco depuis trois jours déjà. Elle était arrivée très tard dans la soirée du 01 janvier. Elle n'avait pas le courage d'aller voir ses parents, pas le courage d'aller voir sa fratrie. Elle avait envie de revenir ici, mais elle craignait de retrouver les siens. Ils ne s'étaient pas quittés en bons termes. Amaya avait peur de leur réaction, peur qu'ils ne l'acceptent plus. Après tout, en partant, en abandonnant sa famille elle les avait fait souffrir. Elle avait souvent pris des nouvelles de ses proches par l'intermédiaire de Julian. Mais elle n'avait eu que très peu de contacts avec les siens et parfois même, pour certains membres de la famille, elle n'en avait eu aucun depuis son départ.

C'est Judith qui a accueilli Amaya à son retour. Elle avait été d'une grande bonté d'âme. Le retour avait été pris sur un coup de tête, tout comme le départ. En l'espace d'une semaine à peine, elle avait tout bouclé, tout abandonné pour revenir aux sources, pour revenir dans cette ville qui l'avait vu grandir. Seul Julian était au courant de ce retour et pourtant, depuis son retour, elle ne l'avait pas revu. Elle trouvait toujours des excuses. Pourquoi avoir peur de le revoir ? Le voir ici ou ailleurs qu'est-ce que ça changeait ? Rien au final, pourtant, elle ne se sentait pas encore prête. Et surtout, elle avait peur qu'en voyant son frère, sa famille saurait qu'elle était rentrée.

Amaya était enfermée dans ce qui lui servait de chambre pour quelques jours. Elle était allongée dans le lit, réveiller depuis plusieurs heures maintenant, le soleil n'était pas encore levé qu'elle était déjà en train de rêvasser en observant la lune. Anaya. Elle revenait hanter ses pensées depuis qu'elle était rentrée. Amaya ne l'avait jamais oublié, mais elle avait réussi à mieux le vivre, pourtant aujourd'hui tous ses souvenirs l'effrayaient. C'est le bruit de Judith dans l'escalier qui l'avait fait sortir de ses pensées. Se levant du lit, elle s'était empressée de suivre son amie. « Hey. Bien dormis ? » Amaya continuait sa course jusqu'à la cuisine. « Je vais t'aider à préparer le p'tit déj. » Elle avait commencé par mettre la table, avant de mettre du café à chauffe

Elle soupire une première fois. Puis une deuxième fois. Et enfin une troisième fois, avant de décider qu'il était vraiment temps de se lever. Judith ne travaillait pas aujourd'hui, mais il fallait quand même qu'elle se lève. Chez elle, depuis quelques jours, elle accueillait l'une de ses amies. C'était une fille plus jeune qu'elle de quelques années qu'elle connaissait depuis toujours. Les deux jeunes femmes avaient grandi ensemble, comme le reste de leurs frères et soeurs. Leurs parents étaient amis et les deux fratries passaient énormément de temps ensemble. Judith avait pourtant été étonnée en voyant apparaître Amaya, le soir du premier janvier. Cette dernière, en effet, avait disparu depuis deux ans. Deux ans sans un mot, sans une nouvelle. Et elle était là désormais, de retour. Judith l'avait accueilli sans poser trop de questions, elle l'avait juste fait parce qu'elle était son amie et qu'elle avait besoin d'aide. Pourtant, au fond d'elle, ce n'était pas les questions qui manquaient. Elles étaient nombreuses. Certaines trouvaient un début de réponses. Amaya n'avait pas eu la vie facile depuis la perte de sa soeur jumelle et Judith ne voulait pas l'ennuyer ou la blesser avec ses questions. Ce que Judith comprenait, c'était surtout qu'elle ne veuille pas voir sa famille tout de suite, elle avait besoin de temps et elle le comprenait parfaitement.

Une fois dans les escaliers pour descendre prendre son petit déjeuner, Amaya apparut. « Je voulais dormir encore douze ou treize heures, mais j'ai été raisonnable. » et une bêtise, une. « et toi ? » dans sa situation, le sommeil devait être difficile à trouver. A sa proposition, Judith hocha simplement la tête. Elles commencèrent par mettre la table, en silence puis pendant qu'Amaya préparait le café, Judith sortait de quoi manger. « Tu vas prévenir ta famille aujourd'hui ? » demanda Judith, comme ça, juste pour savoir. C'était important qu'elle le dise, mais il était aussi normal qu'elle prenne son temps.

En entendant Judith dans les escaliers, Amaya s’était levée pour la suivre et l’aider à préparer le petit-déjeuner. Pour mettre de bonne humeur dès le matin Judith sortait souvent une petite bêtise, qui donnait le sourire à Ama. « Ça fait un petit moment que je suis réveillée, je n’arrivais plus à dormir, mais ça va. » Elle n’avait pas passé la meilleure nuit de sa vie, mais elle n’avait pas envie de se plaindre. Une fois à la cuisine, les deux jeunes femmes commençaient à préparer le petit-déjeuner. Aucune parole, juste le silence, ce qui ne dérangeait pas Amaya. Pourtant, Judith venait de briser ce silence, tout cela pour parler de la famille d’Ama. « Je ne me sens pas la force de le faire aujourd’hui. » Ama n’avait pas envie d’aborder le sujet, pourtant, elle savait bien que c’était inévitable. Elle allait devoir le faire ou reprendre la fuite. Elle n’allait pas pouvoir vivre cachée des siens encore longtemps. Puis au fond, elle avait tellement envie de retrouver ses parents et Julian. En revanche, elle craignait les retrouvailles avec le reste de sa famille. Après tout, tout le monde avait le droit de lui en vouloir. Elle était partie du jour au lendemain sans donner de nouvelles, pouvant laisser croire à ses proches qu’il lui était arrivé quelques choses alors que quelques mois plus tôt, il avait déjà perdu quelqu’un. Elle les avait fait attendre deux longues semaines avant de donner vie. Et puis même avant de partir, elle avait su les faire souffrir. En essayant de ramener sa jumelle à la vie, elle se faisait du mal et elle faisait du mal autour d’elle. « Je pourrais comprendre si tu avais envie de retrouver ta tranquillité. Si c’est le cas, je peux partir, je trouverais bien un endroit pour me loger. » Après tout, elle avait débarqué de nul part, sans prévenir et Judith avait eu la bonté d’âme de l’accueillir chez elle. Et puis elle avait la délicatesse de ne pas trop poser de questions fâcheuses. En tous cas, si Judith voulait de nouveau se retrouver seule, Amaya partirait sans aucun problème. Elle se trouverait bien un endroit où dormir, avant de s’installer de nouveau ici ou de reprendre le large. « Tu as souvent vu ma famille depuis mon départ ? » Même si elle n’avait pas envie d’en parler, elle voulait tout de même savoir certaines choses que Julian aurait pu lui cacher les quelques fois où ils s’étaient parlés ou vu tous les deux ces dernières années. Bien qu’elle ne voulait pas rentrer, qu’elle voulait oublier son passé, elle voulait tout de même avoir certaines nouvelles de sa famille, c’est pourquoi elle était parfois en contacts avec son frère. Elle savait qu’elle avait raté beaucoup de choses et que Julian ne lui avait pas raconté tout ce qu’il y avait à savoir, soit parce qu’il n’en avait pas eu l’occasion, soit parce qu’il ne voulait pas lui dire, histoire de la protéger une fois de plus.

« Tu dors mal ? » Peut-être que la chambre n’était pas confortable ? Peut-être qu’il faisait trop froid dans la chambre ? Ou que quelque chose la gênait ? Judith ne voulait pas que son invitée et son amie soit mal accueillie. Elle ne vivait pas dans une grande maison, elle n’avait pas énormément de place, mais elle tenait à ce que son amie se sente bien. Elle savait qu’elle en avait grand besoin. Elle avait besoin de repos pour pouvoir se remettre de tout, elle avait besoin d’être en forme pour voir sa famille et les affronter. Mais, dans le fond, le problème, c’était peut-être ça. Le stress, l’angoisse, la peur, les questions. C’était peut-être pour ça qu’elle dormait mal. La chambre et son confort n’avaient peut-être rien à faire avec tout ça.

Les deux jeunes femmes avaient commencé la préparation du petit déjeuner en silence, mais Judith était venue rompre ce dernier pour poser une question à Amaya. Judith comprenait la difficulté d’aller voir sa famille après une si longue absence, mais elle savait aussi que c’était quelque chose d’important pour son amie et qu’elle devait franchir le pas aussi vite que possible. A sa réponse, elle se contenta de lui offrir un sourire. Elle comprenait. Elle comprenait que ce n’était pas simple et qu’il lui fallait du temps. Mais elle craignait qu’à trop attendre, elle ne recule définitivement. Judith releva les yeux lorsque son amie reprit la parole. « Oh mais non ! » s’empressa de répondre Judith. Bien sûr qu’elle ne la dérangeait pas, quelle drôle d’idée. Judith était heureuse de retrouver son amie, vraiment et elle pouvait rester ici aussi longtemps qu’elle le voulait. « Je suis désolée si tu t’es imaginée le contraire. Tu es la bienvenue ici, aussi longtemps que tu le voudras. Je suis contente d’avoir quelqu’un avec moi, ça change et ça me fait du bien de ne pas rester seule. » Se justifia-t-elle, sincèrement. Judith vivait seule et parfois la solitude était pesante. Une présence lui faisait un grand bien. Judith servit deux tasses et s’installa à table avant de répondre à la dernière question de son amie. « Souvent oui… Au départ, c’était difficile de leur rendre visite sans vous… te voir puis avec le temps j’ai compris que j’avais besoin de les voir comme avant. » Pas elles. Juste elle. La mort de la sœur jumelle d’Amaya avait été une épreuve compliquée pour Judith aussi et perdre Amaya presqu’en même temps avait été compliqué pour Judith qui avait grandi avec eux tous. Alors au départ, elle leur avait rendu moins visite pour s’éviter la douleur de l’absence, puis elle avait compris que si la douleur était différente, elle était toujours là. Elle avait compris qu’elle se sentait mieux lorsqu’elle allait voir les frères, la sœur ou les parents d’Amaya. Elle avait l’impression que rien n’avait changé et que tout était comme avant, même s’il manquait toujours quelqu’un. « Tu sais, je suis certaine qu’ils ne t’en voudront pas.. » avait-elle essayé de la rassurer. Ils étaient sa famille et ils l’aimaient, c’était la seule chose qui devait compter.

« On peut dire ça. Mais ne t’en fais pas, tout va bien. » Non, tout n’allait pas bien, loin de là, mais Amaya n’avait pas envie d’inquiéter son amie. Elle n’avait pas envie de l’ennuyer avec cela. Ama ne vivait pas son retour comme elle l’avait espérait. Trop de stress, trop d’angoisse, trop de peur, trop de mauvais souvenirs. Elle pensait être loin de tout ça, ou presque, mais elle ne s’était jamais reconstruite, au fond-elle, elle était toujours détruite, les blessures n’étaient pas refermées, elles donnaient simplement l’illusion de l’être.

Amaya se disait qu’elle pouvait peut-être gêner son amie. Après tout, elle avait débarqué sans prévenir, elle était arrivée là, alors qu’elle n’avait donné aucune nouvelle depuis deux ans à Judith. « Merci, c’est gentil. Et puis si je peux être un peu utile. » Être utile. Des mots qui lui semblaient bien étrange sortant de sa bouche. Elle n’avait plus était utile depuis tellement longtemps, du moins, elle ne s’était pas sentie utile depuis tellement longtemps. À Londres, elle était coupée du monde, elle évitait d’avoir trop de contact, elle ne voulait plus s’attacher à personne, de peur de ne les perdre. Elle voulait survivre, panser ses blessures et rien de plus. Et elle n’était arrivée qu’à survivre, loin de ceux qu’elle aimait, loin des personnes qui auraient pu réellement l’aider à guérir. Mais tout ce qu’elle voulait s’était s’éloigner des gens qu’elle aimait. Si elle ne les voyait plus, si elle était loin d’eux leur perte serait sans doute moins douloureuse, s’était du moins ce qu’elle croyait. Elle pensait qu’en s’éloignant, elle les protégeait d’elle-même, de ce qu’elle était capable de faire, elle pensait les protéger de ce qu’elle était capable de leur faire, volontairement ou involontairement. Son éloignement était une sorte de punition pour sa propre personne, comme si tout ce qu’elle avait vécu ne suffisait pas.

Ama voulait savoir si Judith avait eu des contacts avec sa famille. La réponse était positive et c’était évident. Judith était très proche des Cooper depuis toujours, alors elle avait forcément gardé le contact. Elle allait peut-être pouvoir apprendre certaines choses à Amaya, des choses que Julian aurait su taire, quand il communiquait avec sa sœur. « Ils parlaient de moi parfois ? Ils évoquaient mon nom ? » En demandant cela, Amaya voulait simplement savoir s’ils l’avaient oublié ou pas. Faisait-elle encore partie de la famille ou avait-elle était oublié ? Toutes ces questions, Amaya n’avait jamais osé les poser, pourtant, elles trottaient depuis bien longtemps dans sa tête.

Pour essayer de la rassurer, sans doute, Judith disait que la famille d’Amaya allait lui pardonner, ou plutôt qu’elle ne lui en voulait pas. Ce qui était sans doute faux, du moins pour une partie de la famille. « Je n’en serais pas aussi certaine à ta place. Je les ai fait souffrir, ils vont forcément m’en vouloir. Je suis partie il y a deux ans et pas une seule fois je suis venue leur rendre visite. C’est à peine si j’ai donné des nouvelles à mes parents. Pour ce qui est de ma fratrie, à part Julian, je n’ai eu aucun contact avec le reste. » Ils s’imaginaient sans doute ne jamais la revoir. Amaya leur avait dit qu’elle ne reviendrait jamais et avait bien insisté sur ce mot. Elle ne voulait plus jamais remettre les pieds à San Francisco, pourtant, elle était bien là aujourd’hui. Et elle avait peur de retrouver les siens, peur qu’ils l’aient oublié, qu’ils la détestaient. Elle savait qu’elle ne supporterait rien de cela, elle se sentait fragile, elle savait qu’au moindre problème, elle prendrait de nouveau la fuite. « Est-ce que… Est-ce qu’ils ont clairement évoqué un jour ou l’autre qu’ils ne m’en voulaient pas ? Est-ce qu’au contraire, ils auraient très clairement dit qu’ils m’en voulaient ? Judith… J’ai vraiment besoin de savoir tout ça. » Amaya essayait sans doute de se rassurer. Pourtant, elle était persuadée d’être détestée des siens. Pour elle, ce n’était pas possible autrement. « Je suis désolée, je t’embête avec mes histoires. On pourrait avoir des conversations plus agréables, mais j’ai besoin de savoir quelques petites choses avant de peut-être retourner voir ma famille. » Amaya s’efforçait de sourire, une chose qu’elle faisait bien rarement depuis la mort de sa sœur jumelle. Si Judith voulait déjeuner en paix, si elle ne voulait pas parler de tous ces sujets désagréables, Amaya comprenait, elle arrêterait et changerait de conversation.

Amaya dormait mal, mais ne semblait pas vouloir en dire davantage. Judith espérait simplement que la chambre n'y était pour rien. Amaya avait besoin d'un espace où elle pouvait se sentir bien, apaisé. Elle espérait donc que c'était le cas. Judith ne l'embêtait pas plus avec ça, préférant se hâter de préparer le petit déjeuner. Comme toujours, la jeune femme était affamée et avait hâte de manger. Ce fut en silence que les deux jeunes femmes commencèrent la préparation de leur repas, jusqu'à ce que Judith se mette à parler. Elle souhaitait juste savoir si son amie comptait rendre visite à sa famille. Cette dernière comprit qu'elle pouvait peut-être déranger Judith et affirma qu'elle pouvait partir si elle le voulait. Judith la rassura immédiatement. Bien sûr que non, elle ne la dérangeait pas. Et au contraire même, elle lui apportait un peu de compagnie. Elle évitait à Judith ces longues soirées de solitude dont elle avait pourtant tant l'habitude. En quelque sorte, elles se rendaient mutuellement service. « Ne dis pas ça Amaya... » Ne dis pas ça comme si tu n'avais aucune utilité, aucune importance, aurait-elle aimé ajouter, mais elle se retint sans trop savoir pourquoi. Elle était utile et importante. Elle avait toute une famille qui l'aimait, des amis qui tenaient à elle. Elle faisait le bien autour d'elle, ou l'avait fait autrefois. La situation était différente et compliquée aujourd'hui, voilà tout.

Ce fut ensuite au tour d'Amaya de poser les questions, demandant à Judith si elle avait eu des contacts avec sa famille. La réponse était oui, évidemment. Cette famille, c'était un peu la sienne. Elle avait grandi à leurs côtés et elle n'imaginait pas un jour ne plus les voir. Alors après le décès de la soeur d'Amaya, tout avait été compliqué. Après le départ d'Amaya, Judith s'était imaginée guérir plus vite loin d'eux, mais s'était vite rendue compte que ce n'était qu'une idée. Une mauvaise idée. Elle avait besoin d'eux. Alors oui, elle les avait vu. Très souvent même. « Bien sûr, mais tu sais... C'était douloureux, on ne savait même pas où tu étais alors... » elle ne terminait pas sa phrase, ne sachant comment faire. Ils parlaient d'elle, évoquant des souvenirs, parlant d'un hypothétique futur... Sauf que personne ne savait si elle reviendrait un jour, où elle était, ce qu'elle faisait... Alors il n'était pas toujours facile de parler d'elle. Amaya avait sans doute besoin d'être rassurée, d'avoir toujours l'impression d'appartenir à cette famille. Judith essayait de le faire en lui promettant que personne ne lui en voulait, ce qui n'était pas vraiment vrai, mais elle espérait que les rancoeurs et les colères s'effaceraient lorsqu'ils verraient Amaya. La réponse d'Amaya fit baisser les yeux de Judith. Elle ne pouvait pas la contredire, mais ne voulait pas confirmer, pour ne pas la blesser. Oui, en s'enfuyant, elle avait fait souffrir bon nombre de personnes, mais il fallait aussi essayer de la comprendre et de se mettre à sa place, même si ce n'était pas une chose facile.

Les questions continuaient, et Judith ne pouvait pas toutes les éviter en baissant simplement les yeux. Elle était mal à l'aise, perdue entre sa franchise et la peur de blesser Amaya. Perdue entre la peur de la faire fuir de nouveau et celle de lui faire mal à cause de cette vérité. Judith releva les yeux vers son amie, tout en s'installant à table pour prendre le petit déjeuner et lui envoya un sourire à son tour. « Tu ne m'embêtes pas, c'est juste que... Ce n'est pas simple. Je ne sais pas si c'est à moi de te dire tout ça... » Elle avait peur que les frères et soeurs d'Amaya, ses amis, lui en veuillent si elle en disait trop et peur qu'Amaya lui reproche des choses si elle mentait. Elle était perdue. « Ils t'en ont voulu lorsque tu es partie, mais c'est normal. Ils étaient en colère et triste, surtout. Certains diront qu'ils sont toujours en colère après toi, mais je suis certaine que lorsqu'ils te verront, ils oublieront tout et seront heureux de te retrouver. » et par certains, elle entendait surtout la grande soeur d'Amaya, mais elle espérait qu'elle saurait être raisonnable et mettre sa fierté de côté lorsqu'Amaya dévoilera son retour. « Je ne veux pas que tu renonces à les voir à cause de ce que je pourrais te dire Amaya... » se justifia-t-elle, gênée par la situation.

Amaya était rentrée depuis quelques jours et elle n’avait toujours pas eu le courage, ni la force d’affronter sa famille. Afin de pouvoir l’envisager, elle avait besoin de connaître certaines choses et Judith était pour le moment la seule à pouvoir lui apporter. Malheureusement, elle ne semblait pas vouloir coopérer comme il le fallait, par peur de blesser Amaya sans doute ou de se mettre à dos la famille Cooper. « Je sais, je vous ai fait du mal et je m’en veux pour ça. Et je sais très bien que ma famille a eu du mal à accepter mon départ. Tu ne me le dis pas, mais je sais que beaucoup ont mal pris ma disparition, je les comprends, mais ils doivent aussi comprendre mes raisons. » Amaya n’était pas dupe, elle savait très bien que tous n’avait pas pris son départ avec le sourire. Elle était partie du jour au lendemain, personne ne savait ce qui lui était arrivé, personne ne savait si elle était encore en vie et personne ne savait où elle était partie. Elle pensait pouvoir faire un trait sur son passé, oublier sa famille, ses amis, ses souvenirs. Elle laissait San Francisco et tous ses souvenirs derrière elle pour mieux se reconstruire, mais elle n’y était jamais parvenu. La douleur était si forte, les souvenirs bien trop coriaces, elle n’avait jamais réussis à oublier. Ama avait bien pensé utiliser la magie pour y mettre fin une bonne fois pour toute, mais en quittant San Francisco, elle s’était aussi jurée de ne plus retoucher à la magie, pendant un temps du moins, afin de ne pas sombrer totalement.

« Tu as sans doute raison. Ce n’est pas à toi de me parler de ma famille, c’est à elle de le faire, mais pour ça, il faudrait que j’ai le courage de les affronter... » Et pour les affronter, elle voulait savoir ce qu’elle devait affronter en connaissant le ressentit de chacun concernant sa disparition. « Je n’en suis pas si certaine. » Enfin, Judith avouait que la famille d’Ama avait été en colère, que certains l’étaient encore aujourd’hui. Amaya le savait très bien, mais l’entendre lui avait fait mal, plus qu’elle ne le pensait. Pourquoi était-elle rentrée ? Ne pouvait-elle pas se montrer forte plus longtemps ? Peut-être aurait-elle dû user de la magie une toute dernière fois, juste pour tout oublier et reprendre sa vie, sans famille, sans souvenirs, sans pouvoirs… « Ne t’en fais pas pour ça. » Amaya n’avait pas besoin de l’aide de Judith pour renoncer à revoir sa famille. Elle y pensait à chaque seconde. Mais avait-elle le droit de renoncer une nouvelle fois ? De prendre la fuite encore et encore ? Si elle n’était jamais rentrée, ce serait différent, mais là, elle était là, elle avait fait le trajet pour rentrer, elle avait réglé quelques affaires à Londres pour pouvoir être ici. Elle devait faire un effort, juste essayer d’aller les voir et si ça se passait mal, elle pourrait toujours repartir, fuir de nouveau et oublier pour de bons les siens. « Tu as prévu de faire des choses aujourd’hui ? » Sous-entendu, tu comptes rester chez toi toute la journée ? Amaya avait de se retrouver un peu seul et demander un coup de pouce à la magie. Elle n’avait pas pratiquée depuis longtemps, mais elle avait besoin de savoir ce qu’elle devait faire, pour cela Judith ne devait pas être dans les parages.

Judith était si mal à l'aise. Elle se sentait tiraillée entre dire la vérité à son amie ou lui cacher pour ne pas lui faire de mal. Bien sûr, Amaya connaîtrait la vérité bien assez tôt, lorsqu'elle retrouverait sa famille. Néanmoins Judith jugeait qu'elle n'avait pas à lui dire. Elle ne voulait pas non plus trahir ses amis, les autres frères et soeurs d'Amaya, elle se sentirait si coupable s'ils venaient à lui en vouloir. Alors la pauvre ne savait pas quoi répondre. Judith baissait les yeux, gênée par cette conversation. Elle aurait aimé pouvoir disparaître un instant ou se faire toute petite. « Il faut te comprendre toi aussi, je le sais. Bien sûr que nous avons souffert, mais toi aussi tu as souffert et tu as dû souffrir de ne plus voir ta famille. » judith, toujours à essayer de voir le bon côté des choses et à la défendre. « Ils comprendront si tu leur expliques, j'en suis certaine. » souffla la jeune femme, loin d'en être certaine en réalité. Elle savait que certains étaient vraiment en colère, comme c'était le cas de Shea par exemple. Elle serait sans doute la plus difficile pour donner son pardon.

« Tu sais, si tu veux, je peux venir avec toi ? » Les retrouvailles étaient un moment important et personnel, mais si elle avait besoin de courage et de soutien, au moins pour se rendre jusqu'à chez eux, elle le ferait sans aucune hésitation. Elle voulait être là pour Amaya parce qu'elle savait comme elle avait souffert et comme elle souffrait toujours. « Tu ne vas pas repartir Amaya ? » Craignait-elle tout à coup à force d'écouter ces différentes réponses. Judith ne pouvait, soi-disant, pas la faire changer d'avis, mais rien ne l'empêchait de changer d'avis toute seule. Elle avait si peur et la peur pouvait faire reculer si facilement. Judith le savait certainement mieux que quiconque. Judith la fausse courageuse, prête à tout jusqu'à ce que le danger pointe le bout de son nez. Judith craignait tant que son amie parte de nouveau. Elle avait peur de la perdre encore. Elle y tenait autant qu'à sa propre soeur et elle ne voulait plus la perdre. « On peut passer la journée ensemble si tu veux, je ne travaille pas et ça me ferait vraiment plaisir ! » Affirma Judith en souriant, loin de s'imaginer les véritables raisons de cette question. Elle voyait le bien en tout le monde et était si innocente parfois qu'elle ne s'imaginait pas que son amie voulait se débarrasser d'elle pour utiliser la magie tranquillement. Et dans le fond, comment aurait-elle pu le deviner ? Elle, elle n'imaginait qu'une chose : qu'Amaya avait besoin d'elle pour ne pas être seule et elle se faisait une joie d'accepter.

« Bien évidemment que j’ai souffert loin de vous tous. J’étais loin de tout et de tout le monde, j’ai dû recommencer une nouvelle vie. Je voulais tous vous oublier. » Elle avait souffert, il n’y avait pas de doute à avoir là-dessus. D’accord c’était elle qui avait fait le choix de partir, mais ce n’était pas une raison, elle était réellement triste d’être loin des siens, et le temps n’avait rien arrangé, bien au contraire, c’était sans doute pourquoi elle se retrouvait là aujourd’hui. « Je n’en serais pas aussi certaine à ta place. » Eux comprendre ? Ses parents pouvaient peut-être comprendre, sa fratrie elle peut-être pas, sa sœur notamment, elle savait très bien ce qu’elle avait dû penser, dire ou faire après le départ d’Amaya.

« C’est gentil Judith, mais je pense que je dois affronter ça seule. Si je n’y vais pas seule la première fois, je n’oserai peut-être pas y retourner seule les fois suivantes. » Elle avait essayé de se montrer forte pendant des années, mais en réalité, elle ne l’était pas. Elle était totalement détruite depuis la mort de sa sœur jumelle, la moindre remarque, la moindre réflexion, le moindre regard de travers pouvait la faire sombrer un peu plus encore. Elle pouvait tout mal interpréter, parce qu’au fond-elle, il n’y avait pas de meilleure façon d’interpréter les choses, surtout quand cela concernait sa personne. « Non… Non, bien sûr que non Judith, je ne vais pas repartir. » Un mensonge de plus. Elle ne faisait que cela de penser à fuir une nouvelle fois. Elle ne savait pas si elle allait avoir la force de retrouver les siens, de les affronter, d’affronter leur colère, leurs remarques… En réalité, elle ne savait pas si elle allait pouvoir supporter tout ce qui pouvait venir de sa famille. Alors le mieux était peut-être de repartir vivre à Londres et de les oublier une bonne fois pour toute. Et après tout, elle ne pouvait pas s’en vouloir de ne pas avoir réussi à les retrouver, elle avait essayé, c’était sans doute tout ce qui comptait. « Je… Je ne veux pas t’embêter Judith. Tu sais que j’aimerais beaucoup passer du temps avec toi, histoire de me vider l’esprit et d’essayer de penser à autre chose, mais je ne veux pas te forcer à le faire. Je ne veux pas que tu aies pitié de moi et que tu te sentes obligé de rester. » Ama appréciait ce que faisait son amie pour elle, mais en réalité, elle avait besoin de se retrouver seule, elle voulait user de la magie, chose qu’elle n’avait pas faite depuis deux ans. Et pour cela, elle ne voulait pas que Judith soit dans les parages. Mais si elle voulait vraiment rester, elle n’allait pas lui demander de la laisser tranquille, elle n’oserait jamais. Elle trouverait bien un moment pour le faire sans que Judith ne s’en aperçoive, durant l’une de ses insomnies ou quand Judith serait au travail. Elle pouvait bien encore attendre quelques jours avant de prendre une décision, avant de quitter pour de bon San Francisco ou de retrouver les siens.

« Je le sais... » affirma simplement la jeune bibliothécaire. Elle le savait que son amie avait souffert, c'était évident. Amaya avait toujours été très proche de sa famille, des siens. Alors partir, les quitter avait forcément été difficile, même si la décision venait d'elle. Judith releva les yeux, bêtement, lorsque son amie avoua clairement qu'elle avait voulu les oublier. La jeune femme le savait, c'était clair lorsqu'elle était partie, mais l'entendre le dire aussi clairement était bizarre, étrange... Différent. Cela sonnait tout à coup réel, ce n'était plus juste une pensée personnelle, c'était un fait, quelque chose de vrai. « Amaya, ils t'aiment, c'est tout ce qui importe ! » Elle se répétait là. Bien sûr, certains étaient en colère plus que d'autres, mais ils allaient réussir à passer outre, à se retrouver. Le retour n'était-il pas plus important que le départ ? ils devaient comprendre, ils n'avaient pas le choix.

Judith proposait même à son amie de l'accompagner. Après tout, elle imaginait la difficulté de ce qu'elle devait faire et elle était prête à l'aider, à l'accompagner. Elle craignait plus que tout que la jeune femme fasse demi-tour, abandonne de nouveau et n'aille pas voir sa famille, se laissant guider uniquement par la peur. « Fais comme tu le veux ! Mais si tu changes d'avis, je suis là, n'aies pas peur de demander ! » Affirma Judith, en souriant. Elle la comprenait. C'était peut-être quelque chose à faire seule, se montrer forte et affronter la vérité, mais Judith n'en savait rien et ne voulait pas que son amie s'en rende malade. Elle avait peur, également, que cette dernière décide de repartir et elle lui fit part de cette crainte. Elle n'osait pas écouter la réponse, alors elle avait baissé les yeux vers cette tasse de café qu'elle mélangeait pour rien. Elle se sentit soulagée par la réponse, mais bizarrement, elle n'était pas totalement convaincue. Elle connaissait cette fille depuis toujours alors elle avait l'habitude de ces réactions. Pourtant Judith ne répondit rien, ne remettant pas sa parole en doute. Pas cette fois.

Judith proposa alors à son amie de passer la journée ensemble. elle ne travaillait pas et cette dernière lui avait demandé ce qu'elle ferait. Elle s'était alors imaginée qu'elle n'osait pas demander à Judith pour passer la journée ensemble et Judith s'en réjouissait pourtant d'avance, tant elle aimait passer du temps avec Amaya. Chose qu'elle n'avait pas pu faire depuis longtemps. Dans un premier temps, Judith fut surprise par la réaction de sa jeune amie. Elle ne la comprit pas de suite. Son cerveau mit plusieurs secondes à faire ce rapprochement si douloureux. Ce comportement étrange, ces yeux, ce visage, cette façon de parler... Amaya avait déjà fait tout ça, deux ans auparavant. Judith comprit alors, enfin, elle imaginait avoir compris, elle ne pouvait pas en être certaine. « Ne pas me déranger ? » Répéta-t-elle, en levant les yeux vers son amie. « Tu mens, Amaya ! » affirma-t-elle, calmement, en baissant les yeux cette fois-ci, craignant sa réaction. « Tu te fiches de passer du temps avec moi, ou de me déranger, ce que tu veux c'est... c'est faire de la magie, c'est ça ? » Oh que oui c'était certainement ça. En usant de la magie noire, elle agissait ainsi, prétextant ne vouloir ni pitié, ni gâcher le temps des autres. Elle avait ces mêmes yeux, ce même regard. Pourtant Judith ne l'avait jamais jugé, alors pourquoi lui mentir ? Autant le dire clairement, la bibliothécaire était vexée. « Pourquoi tu me mens ? Je ne t'ai jamais jugé... Pourquoi tu ne me parles pas ? Pourquoi tu ne me dis pas clairement ce que tu veux faire ? »

Ils l’aimaient, vraiment ? Après tout ce qu’elle avait fait, pouvaient-ils encore réellement l’aimer. Après tout, elle était pour eux une fille, une petite-fille, une sœur. Mais est-ce que tout cela était encore vrai aujourd’hui ? Elle avait trahi sa famille, trahie ce pour quoi se battait sa famille depuis des siècles. Elle avait abandonné le bien pour le mal, elle avait utilisé la magie noire pour essayer de faire revivre sa sœur. D’accord, elle ne l’avait pas fait pendant longtemps, mais elle l’avait fait quand même, puis elle avait fuit sa famille, elle avait voulu les oublier, elle était partie sans donner de nouvelles pendant des jours… Ils avaient des raisons de lui en vouloir, de la détestait, de ne plus la vouloir dans leur vie. Amaya s’était contenté de secouer la tête de haut en bas, elle ne savait pas quoi répondre à son amie, Judith aurait toujours les mêmes réponses, même si elles n’étaient pas vraies, alors à quoi bon s’acharner.

Amaya allait devoir prendre une décision : aller voir sa famille ou fuir sans se retourner pour de bon. Elle le savait, elle n’allait pas pouvoir rester cacher éternellement chez Judith, de plus, elle savait que la famille Cooper risquait de lui en vouloir, parce qu’elle avait caché Amaya chez elle sans rien leur dire et Ama ne voulait pas ça. Et Judith s’était proposée pour accompagner Ama, elle voulait l’aider et c’était vraiment gentil de sa part, mais Amaya ne pouvait pas accepter, elle ne pouvait pas parce qu’elle ne savait pas si après elle oserait y retourner seule, peu importe si les retrouvailles se passaient bien ou mal. Elle devait y aller seule, elle n’avait pas le choix. « D’accord, merci. » Malgré tout, elle savait que si elle changeait d’avis, si elle avait besoin de Judith au dernier moment pour l’accompagner, pour venir parler avec elle, elle savait qu’elle pouvait le faire, parce qu’elle venait de lui dire, mais aussi parce qu’elle connaissait son amie et elle avait toujours était comme cela. Judith avait ensuite continuait la conversation en demandant si Ama comptait repartir et tout ce qu’elle faisait montrait bien qu’elle avait peur de la réponse. La brune répondit négativement à la question, elle disait ne pas vouloir repartir, mais c’était un mensonge rien de plus, elle savait qu’en cas de problème, elle reprendrait le premier avion en direction de Londres. Judith était restée silencieuse à sa réponse, ne préférant sans doute rien ajouter à cela.

Amaya avait besoin de rester un peu seule, non pour penser, se reposer ou autre, mais tout simplement pour utiliser la magie. Alors elle avait demandé à Judith si elle était occupée pour l’après-midi, mais la réponse était négative et elle avait même proposé de passer la journée avec Amaya. Et même si Amaya avait essayé de décliner gentiment l’offre, Judith avait vu clair dans son jeu, Ama était démasquée et elle n’avait pas la force de mentir encore, de se trouver des excuses… « Oui Judith, oui, j’ai l’intention d’utiliser la magie. Et non, je ne me fiche pas de te déranger ou de passer du temps avec toi, tu sais que je t’apprécie énormément et que j’ai toujours aimé passer du temps avec toi. Je ne voulais pas te mentir Judith, simplement te protéger. Je ne veux plus mêler personne à ma magie. Et je ne veux pas que ma famille puisse te reprocher quoi que ce soit. Si tu ignores tout ce que je peux faire avec la magie, ils ne pourront t’accuser de rien. En plus, je n’ai pas utilisé de magie depuis mon départ, tout pourrait mal tourner, alors c’est peut-être mieux si tu es en sécurité. » Tout le monde était en danger quand ils étaient proches d’Amaya, elle le pensait sincèrement, alors quand elle utilisait la magie, surtout quand elle n’était pas certaine de pouvoir la contrôler, elle préférait être seule, pour ne risquer la vie de personne, pour ne pas perdre de nouveau une personne qu’elle aime. Tout ce qu’elle disait été sincère, elle voulait vraiment protéger Judith, la protéger du danger, de sa famille, ne pas la mêler de nouveau à tout ça. « Si tu veux tout savoir, j’ai besoin d’Ana, j’ai besoin d’avoir son avis, j’ai besoin qu’elle me dise quoi faire avec ma famille. J’ai besoin de savoir ce que je dois faire, ce que je dois dire, et surtout, j’ai besoin de savoir à quoi m’attendre si je vais les voir. Je suis une lâche et je n’ai pas le courage de les affronter, je n’ai pas le courage d’aller les voir sans savoir ce qu’ils pensent de moi. » Amaya s’était relevée, tournant le dos à Judith, elle avait honte d’elle, honte d’en être arrivée là, mais elle avait besoin de tout ça, pour se rassurer sans doute et elle avait besoin de sa jumelle pour affronter ça, elle pensait qu’en partant elle réussirait à oublier, mais en revenant ici tout lui avait sauté à la figure, elle avait compris qu’elle n’arriverait jamais à laisser tout cela derrière elle.

Judith voulait vraiment aider Amaya. Si pour cela, elle devait l'accompagner lorsque cette dernière irait voir sa famille, alors elle était prête à le faire, à venir avec elle. Judith pouvait imaginer à quel point il était difficile de se lancer, de retourner les voir après autant de temps. Alors elle était prête à l'accompagner dans cette épreuve. Amaya ne voulait pas, elle devait le faire seule. Judith n'insista pas, lui assurant juste que si elle changeait d'avis, elle était là. Comme toujours.

La suite avait blessé et déçu Judith. Dans un premier temps, la bibliothécaire avait cru que son amie souhaitait passer du temps avec elle, alors elle lui avait dit qu'elle le voulait bien, qu'elle n'avait rien à faire. Et l'idée de passer du temps avec Ama lui faisait vraiment plaisir, lui donnerait même peut-être l'impression d'être retournée dans le passé, avant que tout cela ne se produise. Elle était vraiment heureuse à cette idée, l'idée de retrouver un peu de normalité. Pourtant, la réponse d'Amaya fit comprendre toute la vérité à Judith. Cette dernière ne saurait expliquer pourquoi ou comment, mais elle l'avait vu. Elle avait remarqué ce comportement, ces mots, ce regard qui lui indiquaient tous qu'Amaya comptait utiliser la magie et qu'elle était en train de mentir à Judith. Cette dernier lui fit alors remarqué, vexée qu'elle lui mente après tout ce qu'elle avait fait et faisait pour elle. Ne lui faisait-elle donc pas confiance à ce point ? La jeune femme avoua tout, ne cherchant ni à nier, ni à mentir. Judith l'écouta, baissa les yeux et hésita longuement sur ce qu'elle devait dire. Ce n'était pas une bonne idée d'utiliser la magie, pourtant, elle ne voulait pas l'en empêcher, elle ne voulait pas la juger ou lui dire quoi faire. Elle voulait juste l'accompagner jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'elle devait arrêter. Si elle le comprenait un jour. Sa situation n'était pas facile, sa vie non plus. « Ne dis pas que c'est pour me protéger, c'est faux ! » souffla Judith qui pourtant ne criait presque jamais. Elle voulait se protéger elle, ne pas être vue, ne pas être jugée. « Ta famille ? Ta famille n'en saura rien, tu crois que j'vais courir leur dire tout ce que tu fais ? Et s'ils ne savent rien, ils ne peuvent rien me reprocher ! » Logique. Comment pouvaient-ils le savoir ? Sauf s'il se produisait un accident, personne ne saurait qu'Amaya avait utilisé la magie ici.

Par la suite, Judith ne savait plus quoi dire. Elle resta les yeux fixés sur son bol une longue minute, Amaya debout et le dos tourné. « Tu veux... appeler Ana ? » Répéta-t-elle. Ce n'était pas de la magie noire, les sorciers le faisaient de temps à autre. Elle avait même déjà vu sa propre famille le faire. C'était un sort plutôt inoffensif, mais ce n'était peut-être pas bon pour Ama de revoir sa soeur ainsi. Et en même temps, ça pouvait peut-être l'aider et lui faire du bien ? Judith ne savait plus. « Je veux la voir aussi... Je veux être là... Elle me manque à moi aussi, s'il te plait ! » supplia presque Judith en se mettant debout, restant derrière Amaya. « Je veux être là pour t'aider, j'ai toujours été là même lorsque tu faisais n'importe quoi de ta magie, alors laisse moi être là cette fois-ci encore ! » Ce n'importe quoi, c'était la magie noire, Judith ne la jugeait pas, mais savait qu'elle ne faisait pas de bien autour d'elle à cause de ça. Pourtant Judith avait été là dans ces moments, alors pourquoi pas cette fois ? Alors pour un sort comme celui qu'elle comptait lancer, Judith voulait être là, elle-aussi elle voulait revoir la jumelle d'Amaya. A elle aussi, elle lui manquait et elle avait besoin de la revoir.

« C’est la vérité Judith, je ne voulais pas t’en parler pour te protéger. » Comment pouvait-elle croire qu’Amaya mentait ? D’accord, elle avait peut-être des raisons de le croire, mais elle se trompait lourdement. Ama voulait réellement la protéger, de sa famille, mais aussi d’elle-même, elle ne savait pas comment elle allait réagir en utilisant de nouveau la magie. « Je n’ai jamais dit ça. Je sais très bien que tu n’iras rien raconter, mais ils pourraient l’apprendre quand même et je n’ai pas envie qu’ils puissent te le reprocher. » Ils avaient toujours tendance à tout savoir sans qu’Amaya ne sache comment, alors ils pouvaient le savoir une fois de plus. Et la brune n’avait absolument pas envie que son amie ait des ennuis à cause d’elle, elle en avait déjà assez comme ça. Ama connaissait bien sa famille, elle savait comment ils pouvaient réagir parfois.

Si Amaya voulait utiliser la magie, c’était pour appeler sa jumelle, elle avait besoin de lui parler, besoin de se confier, de lui poser quelques questions… Amaya était dos à son amie, mais à sa question, elle avait bien compris que ce que comptait faire la brune l’étonnait. « Oui, je veux appeler Ana, j’ai besoin de le faire, j’ai envie de la voir et de lui parler. » Il n’y avait rien de mal dans le simple fait d’appeler l’esprit de sa sœur, mais Amaya n’avait pas utilisé de magie depuis son départ alors elle avait peur de mal tourner, même en utilisant un sort aussi inoffensif. Judith changea soudainement, suppliant presque Amaya pour qu’elle la laisse participer, elle avait besoin de parler à Ana elle aussi, alors pourquoi pas. « Si tu veux Judith, mais si finalement tu ne te sens pas de rester, n’hésite pas à partir, je comprendrais. » Il était vrai qu’elle avait toujours été là pour Amaya, elle avait bien le droit d’être là elle aussi. Amaya se forçait à sourire, ce n’était plus quelque chose de très naturel chez elle, elle devait dons se forcer de temps à autre. « Je peux me permettre de fouiller tes placards pour trouver deux ou trois petites choses qui seront utiles pour l’appeler ? » Ama parlait notamment de bougies, essentielles pour que la défunte puisse arriver jusqu’à elles, guidait la lumière.

Judith s'agaçait. Elle toujours si calme et enfantine s'emportait à cause des propos de son amie. Elle en avait marre de ce refrain. Elle n'en pouvait plus qu'on veuille la protéger sans cesse comme une chose fragile. Comme si elle n'avait pas suffisamment conscience d'être faible face à tous ces sorciers. « Arrêtez ! Arrêtez de tous vouloir toujours me protéger ! Je suis assez grande pour le faire toute seule ! » Amaya prenait pour tous. C'était usant à la fin. Judith était assez grande pour choisir seule, pour prendre ses décisions toute seule et assez grande pour en comprendre les conséquences. Être humaine ne faisait pas d'elle une idiote. « Et même s'ils l'apprennent et qu'ils me le reprochent, c'est mon problème, pas le tien ! » En réalité Judith n'avait aucune envie de se mettre la famille Cooper à dos. Elle n'avait aucune envie qu'ils apprennent quoi que ce soit, mais elle était de toute façon déjà impliquée. Elle hébergeait secrètement Amaya alors ils pouvaient déjà lui en vouloir.

Judith soupira, essaya de retrouver le calme qui la caractérisait en général. Judith avait déjà assisté à des sorts, à des combats, elle avait même accompagné Amaya dans ses pires périodes. Alors pourquoi ne pas l'autoriser à rester pour un simple sort ? Pourquoi ne pouvait-elle pas rester lorsqu'Amaya appellerait Anaya ? Judith oublia sa colère, oublia qu'elle était vexée. Tout ce qu'elle voulait, elle, c'était retrouvée Ana aussi, même juste pour quelques minutes. Elle avait aimé cette fille comme sa petite soeur alors elle lui manquait. Elle avait le droit de la voir, même si elle n'était rien de plus qu'une humaine. « Je suis certaine de vouloir rester ! » Aucun doute possible et puis, ça n'allait pas être la première fois qu'elle verrait un fantôme. En revanche, ce serait la première fois qu'elle reverrait Ana depuis son décès. Peut-être que cela serait difficile. Sans doute, même. « Oh, suis-moi ! » lança Judith ayant retrouvé toute sa joie de vivre habituelle. « J'ai tout ce qu'il te faut, là-haut, dans ma chambre ! » dit-elle en grimpant les escaliers presqu'en courant. « Ma famille pense que je dois toujours avoir un peu de matériel ici au cas-où, lorsqu'ils sont là ! » Une idée qu'elle avait toujours trouvé ridicule, mais qui aujourd'hui semblait bien utile. Elle n'aimait pas avoir toutes ces choses chez elle alors qu'elle n'avait aucun pouvoir pour s'en servir, cela ne faisait que lui rappeler la faible humaine qu'elle était. Elle poussa la porte de sa chambre, laissant Ama entrer également, et se mit par terre, assise, pour sortir une boite du dessous de son lit. « Et s'il manque des choses, tu peux fouiller si tu veux, tu prends ce que tu veux ! » Tout ce que Judith voulait, c'était qu'elle aille vite tant elle était impatiente de commencer.

Judith s’énervait, peut-être à juste titre, mais Amaya n’avait pas à prendre pour tout le monde. Si tout le monde tenait à protéger Judith, c’était simplement parce qu’ils tenaient tous à elle. Amaya avait déjà perdu une sœur et elle savait combien la douleur était grande. Elle avait envie de protéger celle qui était une amie, une sœur pour elle, rien de plus normal. Elle pouvait s’énerver si elle le voulait, Amaya n’allait pas chercher plus loin, elle n’avait ni la force, ni l’envie de se disputer avec Judith. Elle prenait les coups, comme elle avait l’habitude de le faire désormais. Même si chaque parole était douloureuse, elle ne disait rien. Elle préférait laisser passer, pour ne pas envenimer la situation. Judith allait bien finir par se calmer seule.

Judith passait de la colère au calme en un instant, comme quoi Ama avait eu raison de ne pas répondre. Le calme était revenu, mais pour une raison précise, Judith avait envie de participer. Elle avait aussi envie de revoir Anaya. Elle manquait terriblement à tous et sa perte avait été une grande douleur, tant pour les Cooper que pour les Donovan. « D’accord. » Le sort n’avait rien de dangereux, mais Amaya n’avait pas utilisé la magie depuis longtemps et elle n’était pas certaine d’y arriver, elle avait déjà fait de grosses bêtises par le passé, en utilisant mal des sortilèges. Et puis, il n’y avait pas que cela. Est-ce que Judith allait avoir la force de revoir Ana après tant de temps ? Amaya devait le savoir avant de tenter quoique ce soit. La brune avait besoin de quelques petites choses pour que son sort puisse fonctionner et apparemment, Judith avait ce qu’il fallait. « Ils avaient raison, ça peut toujours être très utile. » La preuve était là, Ama allait sans doute pouvoir trouver ce dont elle avait besoin. Amaya suivait son amie jusque dans sa chambre, la regardant fouiller sous son lit pour en sortir une boîte. Une fois celle-ci sortit, Amaya s’était approchée pour l’ouvrir et fouiller ce qu’il y avait à l’intérieur, elle en sortie quelques objets qui allaient être utiles pour faire apparaître le spectre de sa défunte jumelle. « Je pense que ce sera bon. » En réalité, elle n’en était plus très certaine, mais dans ses souvenirs, c’était tout ce qu’il lui fallait. Amaya avait pris soin de fermer les fenêtres et rideaux. Elle avait ensuite déposé les bougies au sol, formant un cercle. « Installe-toi à côté de moi. » Amaya n’avait plus qu’à attendre que son amie vienne s’installer pour pouvoir commencer. Elle était à la fois impatiente et terrifiée à l’idée d’appeler sa jumelle.

Judith s'agaçait à une telle vitesse, aussi vite qu'elle se calmait parce que l'idée d'Amaya l'intéressait. Amaya voulait utiliser la magie, chose qu'elle n'avait pas faite depuis un long moment. Elle ne voulait pas faire n'importe quelle magie, elle voulait utiliser un sort pour permettre à sa soeur jumelle d'apparaître, pour permettre de parler au fantôme d'Anaya. Judith voulait participer, ou plutôt être présente. Pour Ama, la situation serait sans doute éprouvante et la présence de Judith pouvait aider. Et pour Judith, revoir une fois Anaya ne pouvait lui faire que du bien, même si la situation risquait d'être douloureuse. Elle s'en fichait, elle voulait la voir, elle voulait lui parler, elle voulait imaginer rien qu'une seule minute que tout était comme avant, que les deux jumelles étaient réunies comme autrefois, que rien n'avait changé.

Puisque le sort nécessité un peu de matériel, Judith entraîna son amie jusque dans sa chambre où, sous son lit, était rangée une boite avec divers objets que sa famille lui avait demandé de garder, au cas-où. Au cas-où quoi, elle se l'était toujours bien demandé, mais n'avait pas fait d'histoire. Elle sortit donc cette fameuse boite et l'ouvrit, laissant à Amaya le soin de fouiller pour trouver ce dont elle avait besoin. Elle en sortit alors différents objets, affirmant que tout devait être bon. Désormais assise sur son lit, Judith attendait que son amie fasse ce qu'elle avait à faire, notamment fermer les rideaux et les fenêtres avant de déposer les bougies en cercle sur le sol. Judith vint alors s'installer à côté d'elle, lui demandant au passage : « Tu es sûre de ce que tu fais Amaya ? » Si tout à l'heure, elle n'avait pensé qu'au point positif et à sa hâte de revoir la jumelle, elle avait peur qu'Amaya loupe sa formule. « Je n'ai pas envie de me retrouver avec une armée de fantôme chez moi... » précisa-t-elle. « Personne d'autre qu'Anaya ne peut apparaître ? » demanda-t-elle finalement, craignant de voir un fantôme différent de celui qu'elles attendaient. « Tu l'as déjà appelé ? » beaucoup de questions auxquelles elle attendait des réponses sans pour autant laisser le temps à son amie de lui en donner.

Les deux jeunes femmes étaient impatientes de revoir Anaya, ou plutôt son fantôme. Amaya avait tout ce qu’il lui fallait pour réussir, fallait-il encore qu’elle se souvienne de ce qu’il fallait faire et dire et dans le bon ordre. Elle n’avait pas pratiqué la magie depuis deux ans, elle était sans doute un peu rouillée. Elle espérait simplement ne pas faire de grosses bêtise en invoquant n’importe qui. Amaya avait déjà eu sa dose dans les sorts foireux et aux grandes conséquences. La brune avait commencé par fermer portes et fenêtres avant d’éviter les courants d’air, puis elle avait fermé les rideaux, en grande partie pour éviter les regards indiscrets. Les innocents devaient ignorer l’existence de la magie. La sorcière avait ensuite disposé les bougies en cercle sur le sol. Judith était venue la rejoindre. Elles étaient désormais prêtes pour commencer le sort. Enfin presque puisque Judith commençait à se poser des questions. Elle enchaînait ses phrases sans même laisser le temps à Ama de répondre. « Non, je ne l’ai jamais appelé. Je n’ai utilisé aucune magie, ou presque, depuis deux ans. Ensuite, oui, je suis certaine de ce que je fais… Enfin presque… Pour être honnête, je ne sais plus trop. Je l’ai déjà utilisé quand j’étais plus jeune, mais je ne suis plus certaine de me souvenir de tout correctement. Mais ne t’en fais pas, il n’y a pas de danger… Je crois. » Amaya n’était pas très rassurante, elle en avait pleinement conscience, mais en même temps, elle ne faisait que dire la vérité. Elle n’était pas certaine de ce qu’elle allait faire, elle allait tout faire selon ses souvenirs, elle n’avait aucun bouquin pour s’aider, alors elle n’avait que sa mémoire et elle espérait vraiment qu’elle ne lui fasse pas défaut.

La sorcière commençait à allumer les bougies qui étaient disposées sur le sol. Elle avait ensuite fermé les yeux afin de baragouiner en latin. Très honnêtement, elle n’était pas certaine de ce qu’elle était de dire, mais ça semblait correct. Le problème étant que quand elle avait terminé, il ne s’était absolument rien passé. Pas d’Anaya, pas le moindre signe d’elle...rien. « J’ai forcément fait une erreur quelque part. J’ai sans doute mal prononcé un mot. Je dois réessayer. » Amaya n’avait attendu aucune réponse avant de reprendre, de prononcer les mêmes mots, en latin toujours. Voyant que rien ne se passé Amaya commençait à s’énerver. Elle s’était fait une telle joie de pouvoir parler à sa sœur et elle tombait de haut une nouvelle fois. La brune s’était relevée avant de laisser sa main frapper le mur. « Bordel… Je suis même incapable de réussir un sort aussi simple que celui-là. » La brune s’en voulait terriblement et elle aurait sans doute continué à se critiquer si un bruit ne s’était pas fait entendre au rez-de-chaussée. Conséquence ou coïncidence ?

Judith se préparait mentalement à revoir la soeur jumelle d'Amaya. Elle avait hâte, mais à mesure où elle voyait Amaya s'activer en fermant les fenêtres et les rideaux, en disposant les bougies, elle commençait à craindre la tournure que pourrait prendre le sort. Elle posa alors toutes les questions qui lui venaient à l'esprit, ne laissant même pas le temps à Amaya de répondre. Elle n'était pas du tout rassurée par les réponses de son amie, c'était même de pire en pire. Aucune magie depuis deux ans, ce n'était déjà pas un bon point. Certaine, presque, je crois... Trop de mots notant son incertitude et qui faisaient peur à l'humaine. Elle n'avait aucun moyen de se défendre contre un esprit malveillant alors savoir qu'Ama ne maîtrisait pas tellement le sort, ça l'effrayait clairement. « Tu ne me rassures pas là Amaya ! » chuchota Judith, comme si l'ambiance la poussait à parler si peu fort. « Concentre toi et fais attention. » dit-elle comme s'il ne s'agissait pas d'une évidence. Judith ne voulait juste pas se retrouver avec une armée de fantômes chez elle.

Amaya commença alors à allumer les bougies, Judith restait silencieuse et ne bougeait pas. La sorcière se mit alors à réciter des mots en latin. Judith écoutait chacun d'eux avec une anxiété non dissimulée. Lorsqu'elle eut terminé, il ne se passa rien. Les jeunes femmes attendaient, en silence, quelques secondes, regardant là où le fantôme devait apparaître, mais rien. Rien. Ni Anaya, ni personne d'autre. Ce fut Amaya qui reprit la parole en premier et sans attendre elle réessaya. Judith n'avait rien pu dire, rien pu faire que la sorcière répétait de nouveau la formule. Et la deuxième fois, il ne se passa rien. Encore une fois. Judith restait silencieuse, remarquant l'agacement d'Ama qui se mit debout et qui frappa dans le mur. Judith se mit debout à son tour, ne sachant quoi dire ou quoi faire. « Amaya... Ce n'est rien, tu réessayeras un autre jour et tu réussiras. Il te faut de l'entraînement et du temps, c'est tout. » Judith s'était approchée, avait déposé sa main sur l'épaule de son amie. Elle comprenait sa tristesse. Elle l'était aussi, mais forcément moins qu'Amaya ne devait l'être. Elle ne devait juste pas se mettre trop de pression, accepter qu'il lui fallait du temps pour retrouver toute sa magie. Judith n'eut pas le temps d'en dire plus qu'un bruit venant du rez-de-chaussée se fit attendre. « Oh non, c'est quoi ça ? » demanda la bibliothécaire en se rapprochant de son amie. « Tu es sûre que ton sort n'a pas fonctionné ? » Anaya n'était peut-être pas là, mais d'autres esprits, peut-être. « Il faut aller voir... Tu passes devant ? » Trouillarde ? A peine. Elle n'avait surtout aucun moyen de se défendre, Ama en avait plus qu'elle. C'était en tout cas, comme ça, qu'elle se rassurait.

Amaya n’était pas rassurante et elle en avait parfaitement conscience. Elle n’allait pas mentir, cela n’avait aucun intérêt. Elle n’avait pratiqué aucune magie depuis deux ans, il était normal qu’elle soit un peu rouillée. Mais elle avait encore quelques souvenirs, même sans bouquins, elle allait pouvoir tenter quelque chose, sans être certaine que cela donne quelque chose. Et d’ailleurs, cela n’avait rien donné, ni la première fois, ni la seconde d’ailleurs. Amaya n’avait pas réussi à faire apparaître le fantôme de sa sœur. Amaya commençait à s’énerver. Elle n’arrivait jamais à ses fins. Elle n’avait pas réussi un simple sort. Pourquoi à chaque fois qu’elle essayait quelque chose, ça n’allait pas ? Ne pouvait-elle pas connaître quelques secondes de joie. Elle ne demandait que ça, oublier l’espace d’un court instant la perte de sa jumelle, oublier son mal-être intérieur. C’était sans doute trop demandé, elle était condamnée à souffrir. Amaya retenait ses larmes, déçue une fois de plus. Judith était bienveillante comme souvent, elle s’était approchée d’elle essayant de la rassurer, mais ça ne servait à rien, Amaya était certaine de n’être plus bonne à rien. Pas le temps de répondre que des bruits s’étaient fait entendre au rez-de-chaussée. « Aucune idée. » Un léger espoir venait d’envahir Amaya. Si Ana était bel et bien là, mais juste pas dans la même pièce qu’elle. Après tout, c’était possible, elle savait bien qu’elle n’avait pas le droit d’espérer, car elle pouvait être déçue une fois de plus, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. « Je ne sais pas Judith. » Amaya n’était donc pas la seule à penser qu’Ana avait réellement pu apparaître dans une autre pièce. Judith avait raison, il fallait aller voir et c’était à Amaya de passer la première, pour deux raison, la première, c’était elle qui avait lancé le sort, la seconde, elle était la seule à pouvoir se défendre en cas de besoin. Si quand Judith avait dit qu’il fallait qu’Ama soit prudente cela semblait évident, apparemment, elle ne l’avait pas été suffisamment. Si la brune ne venait pas de rater son sort, elle aurait peut-être utilisé son pouvoir de projection astrale pour aller voir en bas ce qui était en train de se passer. Une fois en bas, il n’y avait pas de doute, les bruits étaient réels, les objets se trouvant sur le sol le montraient bien. Mais ça ne voulait rien dire, un animal qui s’était introduit, un courant d’air, il y avait plein d’explication sans que la magie ne soit mise en cause. Ama n’était peut-être pas responsable. « Génial... » Amaya fit quelques pas de plus, mais pour le moment rien en vu. « Tu as laissé des fenêtres ouvertes ? Où un animal à pu entrer quelque part ? » Amaya espérait que ça ne soit que ça, parce qu’elle ne se sentait pas réellement capable de combattre. Sauf si c’était bel et bien Ana, dans ces cas-là, c’était différent.

Si Judith essayait de rassurer Amaya, elle fut bien rapidement interrompue par les bruits qu'il y avait au rez-de-chaussée. Effrayée, elle espérait que son amie ait une idée de ce qui était en train de se passer. Si la jeune femme n'avait pas réussi à faire apparaître sa soeur jumelle, n'avait-elle pas fait apparaître d'autres esprits qui avaient envie de s'amuser ? Elle ne pouvait s'empêcher de demander à Amaya pour se rassurer. Elle craignait de se faire attaquer par un esprit maléfique qui traînait dans son salon à cause d'un sort raté. Sauf qu'Ama ne pouvait pas la rassurer puisqu'elle non plus n'en savait rien. Judith paniquait de plus en plus. Comment allaient-elles s'en sortir ? Amaya aurait-elle les moyens de se débarrasser d'un esprit ? Ou Judith devrait-elle faire appel à sa famille pour l'en débarrasser ? Elle sentait déjà arriver les remarques et les reproches sur le fait de se mettre bêtement en danger et blabla et blabla. Il n'y avait plus à espérer que cet esprit était soit Anaya, soit qu'Amaya soit capable de s'en débarrasser.

Judith demanda alors à son amie de passer devant. D'une part, parce qu'elle était morte de trouille, d'autre part parce qu'elle, elle avait les moyens de se défendre, contrairement à Judith qui serait totalement vulnérable face à un esprit. Les deux femmes descendirent alors les escaliers, Amaya devant, Judith cachée derrière. Des objets traînaient sur le sol, comme poussés là. Mais aucun esprit en vue. A la question de son amie, Judith leva les yeux au ciel. « Tu crois qu'un petit courant d'air aurait pu faire ça ? Ou qu'un animal se serait introduit ici comme par hasard, au moment où tu tentes une formule ? » Non la coïncidence aurait été trop grande, non ? « Tu vois quelque chose ? » demanda la jeune femme, accrochée au bras de son amie, cachée à moitié derrière elle, mais ne voyant rien. « Je vais vérifier si la porte d'entrée est bien fermée et s'il n'y a aucun animal, tu vérifies les fenêtres ! » Allez Judith, un peu de courage pour lâcher ce bras et allez vérifier. Elle se déplaça donc rapidement, comme ci cela pouvait la protéger. La porte d'entrée était bel et bien fermée. Elle vérifia alors, toujours morte de peur, si aucun animal ne s'était caché, mais il n'y avait rien, à priori. « Alors ? » Demanda la jeune femme, avant d'entendre, cette fois-ci, des bruits à l'étage. « C'est une blague ? »

Amaya avait envie de revoir sa sœur, juste quelques minutes, pour cela, elle avait tenté d’utiliser une vielle formule qui traînait dans ses souvenirs. Très mauvaise idée. Anaya n’était absolument pas apparu, mais maintenant, il y avait des bruits au rez-de-chaussée. Qu’avait-elle fait venir ? Des esprits sans doutes, mais étaient-ils bénéfiques ou maléfiques ? Ama n’avait pas utilisé la magie depuis longtemps, elle aurait dû prendre plus de précaution en récitant cette formule, à deux reprises en plus de cela. Elle avait déjà fait de grosses erreurs par le passé, alors qu’avait-elle encore fait ?

Les deux jeunes femmes étaient descendues, elles devaient voir de leurs propres yeux ce qui était en train de se dérouler chez Judith. Amaya allait devoir réfléchir correctement pour mettre fin à toute cette pagaille. « Pourquoi pas… Je ne sais pas… » En effet, un animal qui arrive pile à ce moment-là, ce serait un trop grand hasard et le courant d’air aurait dû être très puissant pour faire un tel désordre. « Non, je ne vois rien du tout. Et puis tout est étrangement calme maintenant qu’on est descendues. » L’esprit se jouait sans doute d’elles. « D’accord. » Les deux femmes s’étaient donc séparée, Amaya faisait le tour des fenêtres, mais seule celle de la cuisine était entrouverte, et le peu d’air qui pouvait passer ne pouvait pas faire un tel dégât. « Ce n’est pas à cause des fenêtres et toi ? » Elle n’avait sans doute rien trouvé de concluant sinon elle lui aurait sans doute déjà dit. Des bruits se faisaient de nouveaux entendre, mais cette fois-ci, c’était à l’étage. « J’en ai pas l’impression. » Amaya était en train de rejoindre son amie, elles se retrouvaient désormais toutes les deux au pied de l’escalier. « Attends ici, ne bouge pas. » Amaya n’avait pas prononcé ces mots à voix haute, elle avait utilisé son pouvoir télépathique. L’esprit se jouait d’elles, alors elle ne voulait pas le prévenir de ses intentions. Amaya avait ensuite utilisé son pouvoir astrale pour aller vérifier l’étage sans faire de bruits en montant l’escalier. Après une ou deux minutes, la brune était revenue à elle. « Je suis désolée, mais il a fichu un sacré bazar dans ta chambre. Allez, on monte. » Elles devaient le faire partir avant qu’il ne fasse plus de dégâts.

Judith avait pris son courage à deux mains pour se rendre jusqu'à la porte d'entrée et vérifier qu'elle était fermée. Elle en profitait également pour jeter un petit coup d'oeil partout à la recherche d'un intrus, d'un animal ou d'un quelconque indice lui indiquant ce qui était en train de se passer ici, chez elle. Il n'y avait rien. Ou plutôt, elle ne voyait rien. Comme l'avait dit Amaya quelques minutes plus tôt, tout était calme maintenant que les deux femmes étaient descendues ? Pourquoi ? Pourquoi tout à coup il n'y avait plus de bruits ? C'était étrange et peut-être plus angoissant encore parce qu'elles ne comprenaient pas et ne savaient pas ce qui était en train de se passer. Les fenêtres n'étaient pas responsables, selon la sorcière. « rien de mon côté non plus. » affirma l'humaine en se rapprochant de son amie.

Un nouveau bruit se fit entendre, à l'étage cette fois-ci. Judith ne put se retenir et comme le confirmait Ama, ce n'était pas une blague. Jamais les deux filles n'auraient dû faire cela, jamais la sorcière n'aurait dû réciter cette formule. C'était dangereux. La magie était dangereuse. Et elles se retrouvaient bien embêtées désormais, avec un fantôme ou elles ne savaient quoi ici. Au pied des escaliers, Amaya demanda à Judith de ne pas bouger, ou plutôt, elle entra dans sa tête pour lui demander. Judith ne put retenir un petit sursaut, elle n'aimait pas qu'Amaya fasse ça sans la prévenir, parce qu'il était étrange d'avoir une voix dans la tête, d'un coup, mais en même temps, elle comprenait pourquoi elle le faisait. L'esprit ne devait rien entendre de ce qui était en train de se passer.

Amaya eut finalement une sorte d'absence et la jeune humaine comprit immédiatement qu'elle était en train d'utiliser un autre de ses pouvoirs. Le temps avait paru être une éternité pour Judith qui se retrouvait seule en bas, avec un corps plus qu'avec une personne. Elle se sentait tellement vulnérable et en danger qu'elle n'espérait qu'une chose, que la sorcière fasse vite. Amaya revenue, elle n'avait pas que de bonnes nouvelles. C'était confirmé, il y avait bel et bien quelque chose chez Judith. Mais ce quelque chose s'amusait à mettre le bazar partout chez Judith. « Et c'est moi qui vais devoir tout ranger ! » grogna-t-elle. « Attend ! » dit-elle en retenant le bras de son amie qui voulait monter. « Tu sais comment faire ? T'es sûre de toi ? » elle ne voulait clairement pas qu'il se passe pire que mieux. « Et si tu n'y arrives pas ? On fait quoi ? Comment j'vais expliquer ça à mes parents si j'dois les faire venir ici ? » Amaya n'était pas censée être là, l'humaine devrait mentir et si elle disait la vérité, ses parents la tueraient d'avoir utilisé la magie avec Amaya. Elles étaient clairement dans la merde. « Allez.. » souffla finalement Judith, pas sereine du tout et pas sûre d'elle tout en montant les escaliers. Bien vite elles arrivèrent jusque dans la chambre et, en effet, il y avait un sacré bazar. Tout était retourné. « Tu vois quelque chose ? Sérieusement, il est où ? On fait quoi ? » s'agaça l'humaine en entendant pleins de petits bruits, mais en ne voyant rien du tout, peut-être parce qu'elle était humaine justement, elle n'en savait rien.

Tout ne se passait jamais comme prévu. Amaya avait voulu entrer en contact avec sa défunte jumelle à deux reprises, mais sans succès. Pas d’Anaya dans les parages. Pourtant, la formule d’Ama semblait avoir eu un effet indésirable. Un intrus semblait s’être introduit chez Judith. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Bénéfique ou maléfiques ? Les deux jeunes femmes n’en avaient aucune idée. Pour savoir à quoi elles avaient à faire, elles n’avaient pas le choix, elles devaient aller en direction des bruits, c’est-à-dire en bas, pour voir la créature qui s’y trouvait. Les deux jeunes femmes s’étaient séparées et n’avaient rien trouvé. Il y avait du bazar un peu partout, mais rien de bien méchant. D’ailleurs, c’était la seule chose qu’il y avait en bas. Second problème : la chose semblait se déplacer. Alors que la sorcière et son amie étaient au rez-de-chaussée, la chose avait dû se déplacer jusqu’à l’étage, puisque désormais, les bruits se faisaient entendre à l’étage du dessus.

Amaya devait aller voir sans mettre la vie de Judith en danger, même si la chose ne semblait pas méchante, sinon, elle aurait sans doute déjà essayé d’attaquer les deux femmes. Grâce à la projection astrale, la brune s’était déplacée à l’étage sans bouger du rez-de-chaussée. La chambre de Judith avait été retournée, mais une fois de plus, rien de bien méchant. Une fois de retour dans son corps, Ama avait prévenu son amie de ce qui était en train de se passer là-haut. « C’est vraiment tout ce qui te préoccupe ? » Un être magique était entré ici après qu’Amaya ait essayé de contacter les morts, mais tout ce qui inquiétait Judith, c’était le fait de devoir ranger tout. « Ne t’en fais pas, je t’aiderais. » Après tout, si cette chose était là, c’était à cause du sort raté, ou presque, d’Amaya. La sorcière était prête à monter, à affronter cette chose pour s’en débarrasser au plus vite, mais Judith l’avait retenu, soudainement prise par des doutes. « Je ne suis certaine de rien Judith. Je ne sais pas ce qui est là-haut, mais je vais devoir m’en débarrasser. Je suis seule sur ce coup-là, je ne peux appeler personne à l’aide. » Sinon les autres allaient se demander comment Judith, une simple humaine, avait pu faire venir cette créature de l’au-delà. « Je vais y arriver, tes parents n’en sauront rien, fais-moi confiance. » Compliqué alors qu’Ama n’avait pas utilisé la magie pendant deux ans et que quand elle essayait des choses simples, elle n’y arrivait pas.

Les deux jeunes femmes étaient finalement en train de monter les escaliers. Elles n’avaient de toutes façons pas le choix, elles ne pouvaient pas rester là, en bas, elles ne pouvaient pas non plus fuir, et ne pouvaient pas non plus appeler à l’aide. Alors que faire ? Amaya devait monter, affronter le démon ou la créature qu’elle avait fait venir ici. Elle devait la renvoyer dans son monde, elle devait retrouver sa place et au plus vite, avant qu’elle ne fasse plus de dégâts. « Non, je ne vois rien, il est peut-être invisible, ce qui expliquerait qu’on ne l’ai pas vu en bas, qu’on ne l’ai pas vu aller à l’étage. Je ne sais pas ce que l’on peut faire. Laisse-moi réfléchir une minute. » Amaya connaissait un seul moyen de vaincre un esprit, qu’un seul moyen de faire retourner cet esprit dans son monde. Seul un fantôme pouvait combattre un fantôme, du moins, seul un fantôme pouvait réciter la formule qu’elle connaissait. En attendant de trouver une meilleure solution, elle avait récité une formule, afin de bloquer l’esprit dans la chambre de Judith, pour qu’il ne puisse pas en sortir. Tout cela ne semblait pas plaire à l’esprit, qui semblait vouloir rester libre. Amaya n’avait pas eu le temps de terminer sa dernière phrase qu’elle avait volé à l’autre bout de la pièce. Sa formule avait-elle fonctionnait ? Elle n’en savait rien, mais il y avait plutôt intérêt, parce qu’après réflexion, la chose qui se trouvait ici ne semblait pas si bénéfique.

Judith se détestait d'avoir accepté qu'Amaya appelle sa soeur. Elle avait eu envie de la voir elle-aussi. Elle aurait aimé lui parler. Imaginer, rien qu'une seconde, que tout était comme avant. Imaginer, juste un instant, que les trois amies étaient de nouveau réunies, comme autrefois. Sauf que l'effet avait été totalement contraire. Un esprit semblait bien être présent, oui. Mais ce n'était pas celui qui était attendu. Les deux amies fouillèrent le rez-de-chaussé, à la recherche de cet esprit qui s'était échappé. Il semblait jouer avec leurs nerfs et être remonté à l'étage. Amaya était alors partie voir à l'étage, à la recherche de la moindre trace de l'esprit. Lorsque cette dernière fut de retour dans son corps, la bibliothécaire ne semblait se préoccuper que d'une chose : le bazar qu'elle aurait à ranger. « Évidemment que ce n'est pas tout ce qui me préoccupe Amaya... » souffla Judith, en levant les yeux au ciel. Malgré tout, et aussi étrange que cela puisse paraître, ça la préoccupait aussi. Sans doute que son esprit préférait se concentrer sur une chose moins importante, moins grave pour éviter de la faire paniquer plus encore. Ou peut-être avait-elle un problème avec les priorités à avoir. Elle ne releva pas lorsque son amie lui promit de l'aider parce qu'au fond, ce n'était même pas ce qu'elle attendait. Ce qu'elle attendait réellement d'Amaya, c'était qu'elle fasse dégager cette créature de cette maison. Judith n'avait aucune envie de voir sa maison se transformer en maison fantôme.

Il n'y avait désormais plus le choix, les deux femmes devaient monter à l'étage pour trouver l'esprit et le renvoyer chez lui. Sauf que Judith était prise de questions, alors elle empêchait Ama de monter, pour lui poser et essayer de se rassurer. Judith s'imaginait déjà devoir prévenir ses parents, sa soeur ou son frère. Elle se demandait bien ce qu'elle pourrait raconter pour éviter qu'ils n'apprennent le retour d'Amaya. Et elle s'imaginait déjà se prendre un savon s'ils apprenaient qu'elle avait accepté que quelqu'un fasse de la magie chez elle, en sa présence surtout. Finalement, à côté de cette vision, Judith préférait vivre en colocation avec l'esprit désormais. L'idée semblait bien moins effrayante. « Je te fais confiance Amaya ! » souffla-t-elle, espérant ne pas avoir tort. «  et si tu ne réussis pas, j'te promets que j't'enferme ici jusqu'à ce que tu trouves une solution. » elle espérait détendre l'atmosphère, mais cela sonnait plus comme une menace que comme une plaisanterie. Ce n'était pas très encourageant, elle s'en rendait compte maintenant qu'elle l'avait dit.

Sans rien ajouter, Amaya et Judith montèrent enfin à l'étage, Judith cachée derrière son amie. Judith ne voyait rien et, apparemment, Amaya non plus. En plus de se battre contre un fantôme, il fallait en plus qu'aucune ne puisse le voir. « Si ta minute pouvait passer plus vite, ça m'arrangerait vraiment.. » souffla Judith, morte de peur. Finalement la sorcière récita une formule, bloquant ainsi le fantôme dans la chambre de l'humaine.  Elle n'eut pas tout à fait le temps de terminer qu'elle vola à l'autre bout de la pièce. Judith sentit son coeur accélérer davantage, et elle se précipita vers son amie. « Tu n'as rien ? » demanda-t-elle, avant de se remettre debout. Il fallait trouver quelque chose, et la meilleure idée qu'elle avait était d'essayer de rejoindre la porte pour s'enfuir d'ici. L'esprit ne semblait plus aussi agréable et farceur qu'avant. Il était plus agressif, sans doute en colère d'être limité dans ses déplacements. « Dépêche-toi, on sort d'ici tout de suite. » Cria Judith en essayant de franchir la porte. Sauf que quelque chose l'en empêchait. Il y avait comme une porte invisible, un champ qui l'empêchait de franchir le seuil de la chambre. Elle se retourna rapidement contre son amie, en colère. « C'est une plaisanterie Amaya ? Tu viens de nous enfermer avec cette chose ? » C'était un mauvais rêve, ce n'était pas possible autrement d'enchaîner autant les mauvaises nouvelles. « Tu as intérêt de le renvoyer d'où il vient ! Tu inventes une formule pour le renvoyer, tu fais ce que tu veux, mais tu me sors d'ici tout de suite. » Elle s'emportait. Elle avait peur. Et elle en oubliait qu'Amaya avait déjà beaucoup essayé pour les sortir d'ici, qu'elle faisait de son mieux et surtout, qu'elle réussirait. Après tout, même si elle n'avait presque pas pratiqué la magie depuis deux ans, elle restait une sorcière douée et habituée à tout cela. Alors deux années sur toute une vie, ce n'était rien.

En voulant revoir sa jumelle, Amaya ne s’attendait pas à avoir de telles conséquences. La brune pensait pouvoir voir Ana, pouvoir lui parler, sa sœur allait peut-être l’aider à comprendre certaines choses, elle pouvait peut-être l’aider à aller mieux… Mais rien de tout ça. Au lieu d’avoir pu vivre ce moment, Amaya se retrouver à devoir se battre avec un fantôme. Elle qui n’avait pas pratiqué la magie depuis deux années. Il fallait que ce genre de chose arrive le jour où elle recommençait. Décidément, Ama attirait la malchance.

Que voulait-il ? Comment le renvoyer de là où il venait ? Amaya était seule face à tout cela. Judith ne possédait aucun pouvoir, elle ne pouvait demander de l’aide à aucun membre de sa famille. Ama se retrouver donc seule, elle était seule face à cette chose, elle devait réussir à l’affronter. Elle avait été capable de bien des choses dans le passé, elle avait été bien plus puissante autrefois, elle avait réussis des choses bien plus compliqué, alors pourquoi cela serait différent maintenant ? Sans doute parce que les pouvoirs étaient liés aux émotions et qu’Amaya n’allait pas bien, pas bien du tout, que se concentrer pour ne pas faire d’erreur était bien trop compliqué. « Tu as toujours était très rassurante Judith. » La brune commençait par l’encourager en lui disant qu’elle avait confiance en elle, pour finir par une menace, lui montrant qu’elle n’était finalement pas certaine qu’elle en soit capable. Ce n’était sans doute pas l’intention de Judith, mais c’était ce qu’avait ressenti la sorcière en écoutant son amie.

Les deux jeunes femmes étaient désormais à l’étage, là où se trouver cet esprit. Amaya avait besoin de temps pour se concentrer et trouver la bonne méthode. Elle ne voulait pas faire une nouvelle erreur. Elle devait faire attention à tout ce qu’elle disait si elle ne voulait pas se retrouver avec des dizaines d’autres esprits et espèces magiques chez Judith. L’humaine se plaignait de la lenteur d’Amaya, sans doute trop effrayée par la situation, mais la brune n’y faisait nullement attention, elle avait vraiment besoin de ce temps pour se concentrer et réfléchir sérieusement. Rapidement, Ama avait récité une formule, histoire d’enfermer l’esprit dans cette pièce, afin qu’il ne puisse pas s’échapper en attendant qu’Amaya trouve la bonne solution. La sorcière était en train de réciter une formule, ce qui ne devait pas plaire au fantôme qui se trouvait dans cette pièce. Il s’était énervé, faisant voler Amaya à l’autre bout de la pièce. Génial, maintenant, il était énervé. « Non, je vais bien. » Une légère douleur dans le bas du dos, dû au choc sans doute, mais elle ressentait à peine la douleur, sans doute trop prise par cet esprit. « Je te suis. » Amaya était de nouveau sur ses pieds, se précipitant vers la porte, tout comme Judith. Elles devaient fuir et vite, Ama devait agir de l’extérieur s’il le fallait, mais elles ne devaient pas rester dans la chambre. « Non, c’est impossible, bien sûr que non. » Comment ça, elles étaient enfermées elles aussi ? C’était impossible. Amaya ne pouvait pas avoir autant régressé en deux ans. La brune s’était approchée de la porte à son tour, mais son amie disait vrai, elles étaient bel et bien enfermées ici, elles aussi. « Judith, je ne me tourne pas les pouces. J’essaie de le renvoyer de là où il vient. Ça ne m’amuse pas non plus. » Elle n’avait pas envie de mettre Judith en danger. S’il lui arrivait quelque chose, Amaya ne se le pardonnerait pas, c’était certain. Elle ne pouvait supporter la perte d’un autre être cher. « Reste derrière. Ne bouge pas. En aucun cas. » Elle devait se protéger. Et s’il le fallait, Amaya userait de la magie pour la forcer à rester immobile. La sorcière retira sa veste, avant de la poser sur le lit de son amie. Il n’était plus question de s’amuser. L’esprit était là, mais il était invisible et très honnêtement, cela devenait très problématique. Ama ferma les yeux, se concentrant sur tous les bruits qu’il y avait autour d’elle. L’esprit était tout prêt de Judith, il restait calme, étrange après ce qu’il venait de faire. Ses intentions étaient sans doutes mauvaises alors il fallait agir vite. Amaya formait une boule d’eau dans ses mains, avant de la lancer sur l’esprit. Elle essayait de l’enfermer dans une cellule d’eau, afin de le piéger, afin de l’empêcher de se déplacer, mais c’était impossible. Il était impossible de se retrouver piéger de cette manière quand on était un fantôme. « Je ne connais qu’une seule manière de lutter contre un esprit. Il y a sans doute d’autres moyens, mais je n’en connais pas d’autres. Un esprit peut tuer un esprit. » Amaya avait deux solutions faire en sorte que son cœur cesse de battre en espérant que Judith soit capable de lui venir en aide ensuite. Ou tenter d’appeler un esprit pour les aider dans ce combat. « Si tu as une autre idée, je t’écoute. » Judith avait vécu avec des sorciers, elle avait peut-être déjà entendu où vu sa famille, lutter contre un esprit. Sinon, Amaya n’allait pas avoir d’autres choix. Prendre le risque de perdre la vie pour sauver celle de Judith ou tenter d’appeler un autre esprit, prenant le risque d’empirer la situation.