Discussion à bâtons rompus {Pv Judith

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DISCUSSION A BÂTONS ROMPUS

J’étais paisiblement assise dans le fauteuil de notre maison en cette fin de soirée. Je prenais du temps pour moi parce que ce soir, Jackson avait emmené ma petite Shayanne voir un match de base-ball. Ils en étaient tous les deux fans, ce qui n’était pas du tout mon cas. Parfois, je les accompagnais mais ce n’était pas systématique et ce soir, j’avais préféré rester seule devant un bon film plutôt que de courir les stades. Il faut dire que ces derniers jours, je courais déjà bien assez comme ça : entre mon job et ma fille, je n’avais plus une seule minute à moi. Shayanne avait repris les cours récemment et mon boulot me prenait énormément de temps en ce moment. Je devais prouver à mon patron que je méritais la place de chef du département recherche historique du musée dans lequel je travaillais depuis plus de dix ans maintenant.

D’ailleurs, bien que ce film soit passionnant, je m’étais assoupie tant j’étais fatiguée. Il y a quelques mois, si on m’avait dit que je tomberais de fatigue sur mon canapé alors qu’un bon film passait à la télévision, j’en aurais bien ri… Et pourtant… Ce fut le coup de sonnette qui me réveilla en sursaut. J’avais un peu de bave sur le côté de mon visage, je l’essuyai en vitesse et me levai précipitamment

« J’arrive »

Lâchai-je à la personne qui se trouvait derrière la porte. Je me regardai rapidement dans le miroir pour m’assurer que j’étais présentable, je remis en place rapidement mes cheveux un peu ébouriffés puis, m’assurai que mon jean et mon t-shirt n’étaient pas tachés. J’ouvris alors la porte et découvris Judith, l’une des meilleures amies de ma petite sœur, Amaya… Je ne voulais plus rien à voir avec ma petite sœur ces jours-ci et franchement, je ne voulais plus parler d’elle. Je comprenais sa peine, je ressentais aussi cette peine, j’avais perdu ma sœur aussi dans cet accident et je pouvais comprendre que son lien était encore plus fort entre elles deux, jumelles. Néanmoins, en arriver à utiliser la magie noire pour ressusciter sa défunte sœur, je ne cautionnais pas et ne cautionnerai jamais.

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Judith avait terminé tard à la bibliothèque, restant après la fermeture pour faire un peu de rangement. Avant de rentrer, elle était passée faire quelques courses. La vie n'était pas simple dernièrement. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à Amaya et à son départ, jour et nuit. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à la mort de la soeur jumelle de cette dernière. Ces deux filles n'étaient peut-être pas de sa famille, mais c'était tout comme, depuis toujours. Sans trop se souvenir de comment elle avait pris cette décision, Judith s'était retrouvée dans sa voiture, en train de se diriger vers chez Shea. C'était la soeur ainée des jumelles. Elle vivait très difficilement ce qu'Amaya avait fait. Personne n'était d'accord avec ce qu'elle avait fait. Utiliser la magie noire, ce n'était jamais anodin. Pourtant Judith essayait de la comprendre et de se mettre à sa place avant de la juger. Shea ne le faisait pas ou ne le voulait pas.

Arrivée devant chez cette dernière, elle hésita longuement, peut-être une minute ou deux, devant la porte. Il était tard et avait-elle réellement envie de se disputer avec son amie ? Shea connaissait Judith depuis toujours, mais dernièrement, elles avaient du mal à se comprendre et à s'entendre, tant leurs points de vue différés. Finalement Judith ne voulait plus reculer et avait sonné chez Shea qui mit une bonne minute à venir lui ouvrir. Un instant, la bibliothécaire s'était dit que son amie devait être absente ou en train de dormir et avait hésité à partir, mais finalement la porte s'était ouverte avant qu'elle ne fasse demi-tour. « Shea, j'espère que je ne te dérange pas ? Je suis désolée de passer si tard... » demanda Judith pour commencer. « Je peux entrer ? J'aimerai que l'on discute un peu toutes les deux... » Judith pouvait être une gamine qui avait oublié de grandir, mais lorsque la situation l'exigeait, elle était tout à fait capable de se montrer responsable et d'avoir des discussions sérieuses.

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@SHEA COOPER
@JUDITH DONOVAN

Cette soirée qui devait être la mienne, je ne l’imaginais pas comme ça mais parfois, la vie nous concoctait des surprises auxquelles on ne s’attendait pas. Ce soir fut l’une d’elle, je ne m’attendais pas à tomber sur Judith, une amie de la famille. Je la considérais comme une petite sœur, toujours avec mes sœurs jumelles. C’est dire, je les voyais presque comme des triplées ces trois-là et je m’en amusais souvent. Quand je vins répondre à la porte, je m’attendais à tout sauf à la voir elle mais finalement, j’étais tout de même heureuse. Nous avions eu nos petites prises de becs au sujet d’Amaya mais je savais qu’elle n’avait qu’une envie : raisonner ma petite sœur. Mais, moi je voyais surtout la finalité de tout cela : elle l’aidait à utiliser la magie noire. Oui, vous pouvez le dire, je suis butée et je ne vois souvent que ce que je veux voir. Quand j’ouvre, j’ai l’impression que Judith était sur le point de partir mais elle me demande si je ne la dérange et qu’elle ne voulait pas passer si tard.

« Bonsoir Judith ! Je suis contente de te voir, tu ne me déranges jamais tu le sais bien ! »

Bien que j’ai des griefs contre elle, Jude n’en reste pas moins une amie chère à mon cœur et je sais, au fond, qu’elle ne voulait pas pousser Amaya dans cette sombre magie mais plutôt l’en sortir. Elle me demande ensuite si elle peut entrer et qu’elle aimerait discuter. Tant pis pour ma soirée cinéma seule, ça attendra encore un peu, j’ai toujours du temps pour mes amies.

« Oui bien sûr, entre ! »

Lui dis-je alors que je lui libère le passage pour qu’elle puisse entrer. Nous nous dirigeons vers le salon où j’éteins la télévision que j’avais laissée allumée.

« Installe-toi ! »

Je lui montre un fauteuil du doigt et prends place en face d’elle.

« Tu veux boire quelque chose ? »

Lui demandais-je avant d’entrer dans le vif du sujet, un sujet dont je ne connaissais pas encore la teneur mais j’avais bien mon idée.

« Alors, de quoi tu veux parler ? »

J’appréhendais un peu cette conversation, les dernières que nous avions eues avaient été un peu difficiles et je n’avais pas envie que l’on s’engueule encore…

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Judith hésitait à repartir. Il était tard, peut-être que Shea était occupée ou absente ? Judith aurait dû avoir l'intelligence de prévenir, d'envoyer un petit sms ou d'appeler. Non, vraiment, il était sans doute préférable de partir et de repasser plus tard. Pourtant, elle n'eut plus vraiment le choix lorsque son amie vint ouvrir la porte. Aussitôt, elle s'excusa de passer si tard, par politesse. Aux mots rassurants de Shea, Judith se contenta de sourire. Elle était heureuse d'entendre ça, mais si ces derniers temps rien n'étaient simple entre les deux amies, elle était contente d'entendre qu'elle ne la dérangeait pas et qu'elle était la bienvenue. Elle n'était juste pas certaine de l'être pour longtemps encore à cause de la raison de sa venue.

Judith précisa ensuite qu'elle voulait simplement parler et demanda donc si elle pouvait entrer. Sans grand étonnement, Shea avait accepté. Alors Judith était entrée et l'avait suivi jusque dans le salon. Shea semblait seule et être occupée à regarder la télé avant l'arrivée de la bibliothécaire. Sans un mot, elle qui habituellement aurait déjà sorti une tonne de bêtises, Judith s'installa dans le fauteuil désigné par son amie. Judith était désormais stressée à chaque fois qu'elle devait discuter avec la soeur d'Amaya, parce que leur avis divergeait sur certains points et elles avaient tendance à s'emporter, toutes les deux têtues et persuadées d'avoir raison, de faire les bons choix. « Non, ça va, merci. » répondit-elle. Elle n'avait pas soif et elle voulait se lancer vite avant de reculer. Elle était franche et n'avait jamais aucun mal à discuter, mais ce sujet pouvait fâcher les deux jeunes femmes alors cela rendait la tâche plus compliquée pour Judith qui ne voulait pas se disputer, encore, avec Shea. Elle craignait simplement, qu'à force, leur relation en prenne un vrai coup et qu'elles ne puissent plus être de nouveau proche, comme autrefois. « Je veux que l'on reparle d'Amaya.. » souffla-t-elle, avant de reprendre aussitôt sans laisser le temps à Shea de répondre. « Attends avant de dire quoi que ce soit, je sais ce que tu penses de tout ça, je sais que tu es en colère, mais il faut que tu essayes de comprendre... » affirma-t-elle, pour la convaincre d'en parler.

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@SHEA COOPER
@JUDITH DONOVAN

Cette visite impromptue était d’autant plus étonnante que les deux femmes ne s’entendaient plus tellement depuis quelques temps. Amaya était notre sujet tabou, ce sujet qui faisait que nous nous disputions à chaque fois que nous en parlions. Pourtant, Ama était ma sœur cadette mais sincèrement, je n’appréciais pas du tout ce qu’elle avait fait et le chemin qu’elle avait pris. Je n’appréciais pas non plus qu’elle soit partie sans rien dire et qu’elle avait inquiété nos parents qui, déjà, étaient inquiets de son comportement. Oui, Amaya avait perdu sa moitié, sa jumelle mais soyons clairs, mes parents avaient aussi perdus une fille et franchement, ils avaient été complètement anéantis par cette perte. Quand Maya était partie, ils avaient à nouveau été complètement chamboulés et ça n’avait qu’aggraver les choses pour nos parents. Voilà ce que je lui reprochais encore aujourd’hui, les casseroles se superposaient et j’avais de plus en plus de mal à lui pardonner. Je l’invitais à entrer et elle me suivit dans le salon où elle s’installa en face de moi. Je lui demandais si elle voulait boire quelque chose mais elle refusa, elle semblait tendue et c’était une des conséquences de nos disputes à répétitions sur ma sœur. Alors qu’elles étaient détendues et qu’elles rigolaient quand elles se voyaient, à présent, la tension était palpable. Pourtant, je tentais au mieux de ne pas laisser l’atmosphère être pesante. J’avais envie que les choses s’arrangent entre nous deux. Je lui demande alors de quoi elle veut parler et ce que j’espérais n’arrive pas. J’aurais aimé que pour une fois, elle vienne parler d’autre chose que d’Amaya, ce sujet qui nous fâche sans arrêt. Pourquoi s’obstine-t-elle à vouloir que les choses s’arrangent entre nous ? Pourquoi continuer à en discuter alors qu’on n’arrive jamais à un compromis sur ce sujet.... J’allais lui dire de stopper avant même qu’elle commence quand elle reprend la parole pour me dire que je devais essayer de comprendre, malgré ma colère et ce que je pensais. Je soupire, fatiguée d’avoir continuellement la même conversation avec elle.

« Écoute, je n’ai pas envie de parler encore et encore de cela ! Comme tu l’as dit, tu sais ce que j’en pense et tu sais que je ne changerais pas d’avis ! Pourquoi penses-tu qu’aujourd’hui, je vais changer d’avis ? »

Je ne comprenais pas, d’un autre côté, il fallait lui reconnaître une certaine persévérance à vouloir nous réconcilier. C’était à la fois énervant et touchant.

« Je... je n’ai pas envie de parler de ça, vraiment ! N’es-tu venue que pour cela ? Veux-tu qu’on se dispute encore une fois ? »

Je suis dépitée quand je dis cela et je porte ma tête dans mes mains, je n’ai vraiment pas le courage d’avoir encore la même dispute.

« Je n’ai pas envie d’une énième dispute avec toi sur ce sujet, vraiment ! »

Je relève la tête et la regarde droit dans les yeux.

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Judith craignait la tournure que prendrait cette conversation. Rien n'était plus jamais simple entre les deux jeunes femmes désormais. L'une voulait à tout prix réconcilier les deux soeurs tandis que l'autre ne voulait rien entendre. Deux filles têtues qui essayaient en vain de se faire entendre raison. Autant dire que la situation ne risquait pas de se résoudre ce soir. Judith était persuadée que personne n'essayait de comprendre le désarroi et la tristesse d'Amaya. Bien sûr, tous les membres de sa famille avait été malheureux après la mort de la soeur jumelle, tous avait été affreusement blessés par le départ d'Ama. Il fallait les comprendre. Mais qui était là pour comprendre Amaya ? Plus que quiconque, sa douleur avait dû être si puissante, si violente. Elle avait perdu sa moitié. Pas juste une soeur. Pas juste une fille. Alors même si Judith ne cautionnait pas forcement qu'elle ait utilisé la magie noire, elle ne jugeait pas et essayait de comprendre, d'accepter.

Après s'être installée face à Shea et déclinée son offre, Judith reprit aussitôt. Elle ne voulait pas perdre de temps, craignait simplement de ne plus avoir le courage de se lancer et de dire ce qu'elle avait à dire. Elle n'aimait pas se disputer avec Shea, mais l'issue semblait toujours être la même. Sans grand étonnement, la réaction de Shea était toujours la même. Elle soupira et reprit la parole pour dire encore et toujours la même chose. Judith soupira à son tour, laissant la brune parler. Elle détournait même les yeux un instant, sentant déjà l'agacement naître en elle, laissant son calme de côté. « Parce que j'aimerai que tu essayes de m'écouter et de comprendre ! J'espérais qu'aujourd'hui, peut-être, tu comprendrais tes erreurs ! » elle n'élevait pas la voix, elle restait correcte, même si elle en avait plus qu'assez de tout ça. Pourquoi être venue aujourd'hui ? Peut-être qu'elle n'aurait pas dû. Aux yeux de Shea, elle devait sans doute ressembler à une emmerdeuse qui se mêlait encore et toujours de ce qui ne la regardait pas. Alors que dans le fond, elle ne voulait qu'une chose : réconcilier les deux soeurs afin qu'elles ne regrettent rien. Les yeux dans les yeux, Judith voyait bien qu'elle l'agaçait. Elle soupirait et se prenait la tête entre les mains, signe évident de l'agacement. Pourtant la bibliothécaire ne s'arrêtait pas, elle continuait et reprenait. « Oui, je ne suis venue que pour cela ! Pour quoi d'autre après tout ? » elle s'agaçait, s'emportant trop rapidement, disant des choses qu'elle ne pensait pas forcément. Mais en ce moment, Judith et Shea ne se voyaient que pour ça, alors pourquoi s'attendre à autre chose ? « Je n'ai pas envie de me disputer avec toi non plus Shea. Tu crois vraiment que toute cette situation m'amuse ? Tu crois vraiment que je prends plaisir à me disputer avec toi ? Je pensais que tu me connaissais mieux que ça depuis le temps ! » Toujours en fait. Shea connaissait Judith depuis son arrivée dans la famille Donovan, alors qu'elle n'était qu'un bébé. Alors depuis tout ce temps, elle ne la connaissait toujours pas ? Elle ne prenait aucun plaisir dans toute cette situation. « Tu es tellement têtue Shea... Tu es persuadée d'avoir raison et tu ne veux rien écouter... » soupira la jeune femme, consciente que la situation ne se réglerait pas, surtout si elle agressait Shea en lui faisant la liste de ses défauts.

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@SHEA COOPER
@JUDITH DONOVAN

J’avais espéré que la visite de mon amie ne concernerait pas ma soeur parce que je savais comment cela se terminerait. Je savais que c’était un sujet tabou entre nous deux. Judith et moi nous entendions bien avant l’affaire Amaya, nous avions quelque fois des prises de tête mais très vite, nous passions au-delà de nos soucis. J’avais eu l’espoir et je lui avais même demandé pourquoi elle venait. Au fond, à mes yeux, nous avons fait le tour de la question, nous avons mis nos cœurs à nu et nous savons chacune notre position. Alors, pourquoi continuer à discuter pour, au final, finir par s’engueuler. Il ne faut pas longtemps avant que la jeune femme n’en vienne au fait et je lui demande, lassée, pourquoi elle veut tant qu’on en discute, pourquoi revient-elle toujours sur ce sujet ?

« Je n’arrête pas de t’écouter ! »

Commençais-je, doucement, avant de rajouter :

« Mes erreurs ? On en parle des erreurs d’Ama ? »

C’était fort là, moi je faisais des erreurs mais jamais qui impliquait autant... J’avais pris le parti de montrer que ma soeur - que j’aimais plus que tout malgré ce qu’on pouvait croire - qu’elle ne pouvait pas faire ce qu’elle faisait, même si sa douleur était vive et insupportable. Chez les Cooper, personne ne mouftait quand elle faisait des erreurs. Il fallait bien quelqu’un qui lui fasse comprendre qu’elle faisait une bêtise, non ? A mes yeux, la douleur n’excusait pas tout... J’insiste, je lui demande si elle n’est venue que pour cela et je sentis dans sa voix de l’agacement, la mienne aussi commençait à devenir plus tendue... Je fus blessée quand elle me dit que oui parce qu’elle ne verrait pas pourquoi elle viendrait en dehors de cette histoire.

« Pour prendre de mes nouvelles par exemple ? Ou pour voir Shayanne ? »

Je me tournais un peu, je sentais que les émotions montaient et je ne voulais pas m’énerver, non, vraiment pas. Je me tourne à nouveau vers elle, je suis plus calme, j’essaie en tout cas. Je lui dis que je n’ai pas envie de me disputer, j’aimerais qu’elle parte, sincèrement. Je voulais passer une bonne soirée et pas à me prendre la tête avec une amie sur un sujet que nous avions tout le temps.

« Non, tu n’en as pas envie mais tu continues à venir me parler de toute cette histoire ! Je te connais et je sais que ton but n’est pas que nous nous disputions mais tu sais qu’on en arrivera là ! »

Je m’assois, prise de fatigue de cette conversation qui vient à peine de commencer. Un mal de crâne me prend comme à chaque fois. Je rigole jaune quand elle me dit que je suis têtue et que je suis persuadée d’avoir raison, que je ne veux rien écouter.

« C’est toi qui me dis ça ! Toi qui te borne à venir me voir pour discuter de cette situation avec Amaya, persuadée d’avoir raison AUSSI ! »

Et j’insiste un peu sur le « aussi ».

« Je connais ton point de vue, je sais que je n’ai peut-être pas agi comme il le fallait, comme un soutien pour ma soeur ! Mais, il fallait bien qu’il y ait quelqu’un pour lui dire qu’elle agissait mal ! Personne dans son entourage ne voulait prendre ce rôle ! Alors, je l’ai pris, même si je savais ce que cela impliquait ! Et je ne regrette pas, je regrette le fait qu’on se soit éloignées mais pas d’avoir joué le rôle que nos parents auraient dû jouer ! »

Puis, je me reprends la tête dans la main et lève la tête vers elle :

« Tous, vous oubliez que moi aussi j’ai perdu une soeur dans l’histoire ! Deux soeurs ce jour-là ! Tous vous croyez que je suis heureuse de jouer au gendarme mais je ne le fais que pour le bien d’Amaya ! »

Je termine en tournant la tête, les larmes me montent aux yeux mais je ne veux pas pleurer devant Judith, pas dans ces conditions...

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AVATARS PAR STOLEN PARADISE & FAITH

Judith savait garder son calme en règle générale, sauf dans cette situation. Elle ignorait pour quelle raison, mais elle n'arrivait pas à se contrôler face à Shea. C'était tout nouveau, mais ce problème semblait les éloigner réellement, rendant impossible toute conversation. « C'est vrai, tu m'écoutes, mais tu ne me comprends pas ! » Précisa l'humaine. N'importe qui pouvait écouter, ce n'était pas compliqué. Mais fallait-il encore être capable de comprendre, d'entendre réellement ce que son interlocuteur était en train de dire. « Non justement, on n'en parle pas parce que ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est toi ! » et ton sale caractère, se retint d'ajouter la jeune femme pour éviter d'envenimer davantage les choses. Bien sûr qu'Amaya avait fait des erreurs. Judith l'avait soutenu et n'avait jamais rien dit, mais elle avait conscience des erreurs de la sorcière. Elle n'était pas aussi stupide que tout le monde semblait le penser. Sauf que ce n'était pas le sujet de cette conversation. A quoi bon en revenir encore et toujours aux erreurs qu'avait fait Ama, à cause de la douleur ? Elle avait fait des choses affreuses, de mauvais choix et sans doute aurait-elle dû réagir autrement ! Pourtant, pouvait-on réellement lui reprocher ce que la peine lui avait fait faire ?

Judith était en train de s'agacer à la question de son amie. Autrefois, sans doute serait-elle venue pour toutes ces raisons, mais aujourd'hui, après tout ça ? La bibliothécaire restait focalisée sur les problèmes de la famille Cooper, ils étaient en train de détruire ce lien qui les unissait, aux yeux de Judith, et elle ne voulait pas voir ça. Elle ne voulait pas voir sans réagir, sans essayer. Alors, désormais, ses visites ne se résumaient qu'à ça. A la réponse de son amie, Judith baissa les yeux un instant, touchée. Le ton était déjà en train de monter et Judith comprenait que sa réponse n'avait aidé en rien. « Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit ! Évidemment que j'ai envie de savoir comment vous allez, ou de vous voir tout simplement, mais je ne peux pas venir que pour ça, je ne peux pas venir ici et faire comme ci de rien n'était. » précisa Judith, espérant se faire comprendre, une fois de plus.

Aux yeux de Shea, Judith ne semblait être qu'une emmerdeuse qui s'obstinait et qui ne cherchait que la querelle. Sauf que non, elle ne venait jamais dans le but de se disputer. Elle voulait discuter, même s'il était vrai qu'elle savait parfaitement que les choses prendraient cette tournure. « Tu as raison, pourquoi je continue ? C'est ça, après tout, les vrais amis, ceux qui abandonnent rapidement et qui n'essayent pas de tout donner pour aider ceux qu'ils aiment ! » Elle s'agaçait de plus belle, exagérant les choses comme à chaque fois qu'elle était incapable de garder le contrôle sur elle-même. Après tout, pourquoi s'embêter avec ces problèmes ? Judith pourrait tout aussi bien les laisser se débrouiller ! Malheureusement pour eux, ce n'était pas la vision de l'amitié qu'elle avait.

Shea était têtue, quoi qu'elle dise, mais il était vrai que Judith n'était pas beaucoup mieux. Elle était capable d'insister et d'insister longtemps. Comme la situation actuelle le prouvait. La remarque de Judith semblait faire rire jaune son amie qui lui reprochait justement d'être aussi têtue qu'elle. « Je ne suis pas persuadée d'avoir raison ! J'ai raison ! » claqua-t-elle, notant la nuance, énervée du ton et de l'insistance sur certains mots de Shea. Sans doute, dans une autre situation n'aurait-elle pas dit ça comme ça, même si elle était persuadée d'avoir, au moins en partie, raison.

A la suite, ce fut au tour de Judith de rire jaune et de soupirer. « Et tu crois qu'Amaya n'a pas conscience d'avoir mal agi ? Tu crois qu'elle a besoin de quelqu'un pour lui faire la morale ? C'est peut-être pour ça que personne n'a pris ce rôle parce qu'on l'a tous compris ? » Bien sûr qu'Ama avait conscience de ses erreurs et qu'elle s'en voulait, c'était évident. Ama était quelqu'un de bien, elle avait simplement été dépassée par tout ce qui lui était arrivé et n'avait pas réussi à remonter la pente, à sortir la tête de l'eau. Elle s'était enfoncée dans l'espoir de trouver du réconfort et du bien-être. Elle n'avait pas besoin de quelqu'un pour la critiquer, lui faire la morale. Elle avait juste besoin d'aide, de soutien, et de compréhension. « ça me rend dingue ! Comment tu peux ne pas regretter ? » Son comportement avait causé leur éloignement, alors ne pas en regretter un, c'était ne pas regretter l'autre, selon la bibliothécaire, trop en colère pour réagir correctement.

Judith soupira de nouveau, observant les gestes agacés de son amie. Ça ne lui procurait aucun plaisir de la voir dans cet état, d'être malheureuse ou d'avoir les larmes aux yeux. Elle n'avait qu'une envie : que tout s'arrange et de la consoler en la prenant dans ses bras. « On sait que tu as perdu une soeur toi-aussi ! J'ai conscience de votre chagrin à tous, qu'Amaya n'est pas la seule à souffrir ! Personne ne cherche à diminuer votre chagrin... » Comment pouvait-elle en douter ? « Tu ne peux pas dire que tu le fais pour Amaya alors que tu ne l'aides pas en faisant ça... » soupira finalement Judith. « Amaya a perdu plus qu'une soeur Shea, elle a perdu une partie d'elle, sa moitié, son double ! Alors, on peut accepter qu'elle ait pété les plombs, non ? » supposait la jeune femme, mais enfin, ce n'était pas un concours de douleur. Elle souffrait toutes les deux de façons différentes et elles géraient leur douleur différemment. « Vous vivez la situation chacune comme vous le pouvez, vous gérez la douleur comme vous le pouvez ! Tu ne peux pas t'attendre à ce qu'elle réagisse comme toi ! » parce qu'au fond, c'était ce qu'elle voulait, non ? Qu'elle puisse se contrôler et continuer sa vie ?

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