Une pause s’impose (Pv Gabriel)

Ce matin, j’avais cours mais comme tous les matins, j’avais également un rituel avant de faire ma première classe : celle de prendre un café avec un collègue. Très souvent, je changeais en fonction du jour de la semaine. Je m’entendais très bien avec la plupart de mes collègues, ce qui me permettait de voir à peu près tous les profs de l’université en un mois. Évidemment, il y avait quelques-uns de mes collègues que je n’appréciais guère mais nous nous évitions tout simplement. Je n’ai jamais été de ces pestes qui aimaient provoquer, quand je n’appréciais pas quelqu’un, cette personne le savait et nous gardions nos distances, tout simplement. Après avoir quitté la maison que je partage avec Jackson, mon meilleur ami, d’avoir déposé ma fille à l’école, je passai par le café du coin où je commandai deux cafés. Je connaissais les habitudes de chacun de mes collègues - la force de l’habitude - et aujourd’hui, je savais chez qui je me rendrais : Gabriel Rojas.

Gabriel était non seulement un collègue à moi mais je le connaissais personnellement, il était marié à l’une de mes bonnes amies, Jemima. Autant dire que je le connaissais mieux que tous les autres de mes collègues et il avait la chance - oui oui, la chance - que je vienne prendre un café avec lui plus d’une fois par semaine. Il vous dira peut-être que je le gonfle, que je suis chiante mais je sais au fond que ça lui fait plaisir. Je paie les deux cafés et, sifflotant, je me mets en route vers l’université. Je ne sais pas d’où me vient cette bonne humeur, est-ce que mon rapprochement avec Jack y joue un rôle ? En tout cas, on ne peut pas dire que ma vie est une réussite pour l’instant, enfin, d’un point de vue familiale. Le retour de la soeur prodige avait fait remonter des sentiments difficiles à la surface et des questions que je ne voulais plus voir... J’avais, à nouveau, des clash avec le reste de ma famille et même certains amis, ceux qui avaient toujours pris le parti d’Amaya. Je ne leur en voulais pas vraiment, c’est juste que j’ai l’impression, parfois, de jouer les mauvaises soeurs parce que personne dans son entourage n’osait la contredire...

Rapidement, j’arrive près de la fac de droit où mon ami travaille, je m’approche de son auditoire et je frappe à la porte. Je suis quasiment certaine de l’y trouver, il est rare que nous rations nos petits rendez-vous du matin, ces mêmes rendez-vous qui nous permettent d’être un peu plus en forme pour attaquer les cours. Je n’attends pas qu’il m’invite et doucement, j’entre dans sa salle de classe, il est bien là et je lui souris tout en lui montrant les deux cafés :

« Un petit café, ça te tente ? »

J’apprécie énormément Gabriel, il est sympa et il est agréable de parler avec lui. J’aime nos petits moments où nous ne sommes que tous les deux. J’aime aussi passer du temps avec le couple évidemment mais les choses peuvent être différentes quand nous sommes tous les deux. À l’instar de la relation que je peux avoir avec Jemima quand Gabriel n’est pas dans les parages. Je m’approche de lui et l’embrasse sur les deux joues pour lui dire bonjour.

« Comment vas-tu ? Prêt pour commencer tes cours ? »

Je dis en lui souriant, moi en tout cas, je ne l’étais pas, tant que je n’avais pas de caféine dans les veines, ça n’irait pas.

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Mon petit plaisir du matin, juste avant d’attaquer ma journée : mon café avec l’un de mes bons amis, Gabriel. C’était devenu une routine qui me plaisait beaucoup et qui me mettait de bonne humeur. Commencer sa journée de travail à l’université par un bon café entre amis aidait à passer une meilleure journée parmi mes étudiants. Non pas que je n’aimais pas mon métier, je l’adorais mais faire cours à une bande de jeunes adultes n’était pas toujours facile. Il y a toujours des éléments perturbateurs qui arrivaient à mettre le bordel dans l’amphithéâtre. Néanmoins, j’avais réussi à me faire respecter rapidement et j’avais des élèves assez disciplinés. Il faut dire que la matière que j’enseignais n’était pas celle des éléments les plus perturbateurs qui soient.

Je toque à la porte de la classe de mon ami et sans attendre son accord, je rentre dans la pièce. Je sais qu’il connaît notre petit rituel et qu’il ne me mettra pas dehors. Et s’il devait le faire, il me le dirait simplement. Il se lève et s’approche de moi pour me dire bonjour à son tour. Il me tire une chaise pour que je puisse m’asseoir à ses côtés et je reconnais bien là son côté gentleman, ce côté qui avait dû plaire à Jemima. Il le faisait à chaque fois que je passais ici, cela faisait partie de notre rituel. Je lui tends son café qu’il prend, quant à moi, je bois une gorgée du mien.

« Pareil, prête à affronter la journée qui s’annonce ! »

Il me demande également comment je vais et j’ai un petit sourire un peu triste. Est-ce que je pouvais lui parler de ce qui m’arrivait en ce moment ? L’événement principal de mes derniers jours était le retour de ma soeur, cette soeur à qui j’en voulais terriblement de ne pas faire face à ses responsabilités. Une soeur que tout le monde essayait de lui trouver une excuse, j’étais la seule à essayer de lui faire comprendre qu’elle agissait mal... Tous les autres prenaient des pincettes avec elle mais moi, j’en avais marre qu’on en fasse autant pour elle. Je comprenais, évidemment, son mal être, j’avais ressenti le même, nous avions tous perdus une soeur, une fille, une amie... Mais, bien que ce soit sa jumelle, rien ne justifiait ses choix...

« Bof !! C’est pas facile pour l’instant ! Je ne sais pas si tu le sais mais ma soeur, Amaya, est revenue à San Francisco et... ! »

Je laissais ma phrase en suspens quelques secondes avant de rajouter :

« Et je ne sais pas si j’ai encore envie de la voir ! Je culpabilise d’être aussi dure avec elle mais si je ne le suis pas, personne ne le sera ! Même pas nos parents, surtout pas nos parents !! »

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