Intrigue n°2 ⚝ De l'autre côté du miroir.

Comme chaque matin, ou presque, Judith s'était levée pour se rendre à la bibliothèque. Plus que les autres jours, elle avait traînée pour prendre son petit-déjeuner puis traîné dans la salle de bain. Elle se rendit compte de son retard quelques minutes avant d'avoir terminé de se préparer. Enfilant son manteau à toute vitesse, fouillant dans ses poches à la recherche de ses clés, elle ne les trouva pas. Elle fouilla donc un peu partout jusqu'à se souvenir qu'elle les avait déposé sur sa table de chevet, la veille au soir. Un soupir plus tard, elle courrait dans les escaliers pour ne plus perdre de temps. A peine eut-elle franchi le pas de sa porte de chambre qu'une chose étrange attira son oeil. Un miroir. Un miroir en plein milieu de la pièce. Miroir qui n'était pas là quelques minutes auparavant. Curieuse de comprendre, se demandant simplement si son frère ou sa soeur ou si Amaya ne lui faisait pas une mauvaise blague, la jeune femme s'en approcha. Elle fut d'abord étonnée de voir qu'il ne reflétait pas son image, puis elle fut bien vite attirée par lui. Sans y réfléchir, sans pouvoir s'en empêcher, elle tendit sa main vers ce dernier.

Une fraction de seconde plus tard, elle se retrouvait dans un endroit totalement inconnu. Elle regardait partout autour d'elle, inquiète et morte de trouille jusqu'à ce que son regard se pose sur Amaya. Elle fut automatiquement rassurée, bien qu'elle ne comprenait pas la plaisanterie d'Ama. Lorsque la sorcière remarqua sa présence, elle s'adressa enfin à Judith. Judith qui remarqua enfin que son amie était en train de léviter, pouvoir qu'elle ne possédait pas, pourtant. Un nouveau pouvoir ? Peut-être...

Bref, la bibliothécaire s'apprêtait à répondre à son amie quand celle-ci leva les mains vers elle pour la blesser à l'épaule. Judith recula légèrement, une main sur l'épaule, un cri de surprise traversant ses lèvres. Elle ne comprenait pas. D'où Amaya sortait ces nouveaux pouvoirs ? Pourquoi s'attaquait-elle à Judith, sans défense ? « Attend, qu'est-ce qui te prend là ? » répliqua Judith, ne sachant quoi faire. Elle n'allait pas partir en courant, elle ne savait même pas où ce miroir l'avait attiré et elle ne savait pas où aller. « Tu m'as fait venir pour m'attaquer ? » elle hallucinait ou quoi ? Amaya était devenue folle ? Etait-elle sous l'emprise d'un démon ou d'un mauvais sort ?

Aelis rêvait de vengeance, elle se préparait à cela depuis des semaines. Elle voulait devenir plus forte, plus puissante pour attaquer cette sorcière. Il était hors de question de la laisser s’en tirer comme ça. Elle devait payer pour ses crimes, payer pour ce qu’elle avait fait à la famille d’Aelis. Et là voilà devant elle, arrivée là sans qu’Aelis ne le demande. Que voulait-elle ? Était-elle là pour terminer le travail qu’elle avait commençait ? Sans perdre de temps et sans poser de questions, Aelis l’avait attaqué. En attaquant la première, elle prenait de l’avance et surtout, elle pensait pouvoir mieux contrôler la suite.

La sorcière semblait différente, mais cela avait peu d’importance, elle devait souffrir et payer pour tout ce qu’elle avait fait par le passé. Aelis devait l’empêcher de nuire une nouvelle fois. « Tu te poses réellement la question ? » Comment pouvait-elle lui demander cela ? Ne se doutait-elle pas de ce qui lui arrivait ? Pensait-elle réellement qu’Aelis allait l’accueillir d’une toute autre façon ? « Ce n’est pas moi qui t’ai fait venir. Tu es venue seule jusqu’à moi. Pourquoi, je l’ignore, mais cela n’a pas d’importance. Alors oui, je profite de ta venue pour t’attaquer. Tu ne pensais tout de même pas que j’allais t’inviter à prendre le thé ? » Aelis se concentra soudainement pour infliger une immense douleur à son ennemi. La douleur devait se propager dans les jambes, le but étant de faire chuter cette sorcière, afin de lui montrer qui était la plus forte des deux. Aelis était contente d’obtenir sa vengeance, même si elle s’attendait à plus de répartie de la part de son adversaire. Cette sorcière devait être dotée de bons pouvoirs, alors pourquoi ne se défendait-elle pas ?

Judith ne comprenait rien. D'une part elle se retrouvait dans un lieu inconnu après être passé à travers un miroir, d'autre part Amaya était en train de l'attaquer et de la blesser sans raison. Avait-elle perdu la tête ? Ou peut-être était-elle sous l'emprise d'un sort ? Judith tentait de comprendre, de réfléchir au mieux, mais rien de logique ne s'imposait à elle. Pourquoi Amaya était en train de la blesser ? Pourquoi Amaya avait tous ces nouveaux pouvoirs ? Tout ça n'avait aucun sens.

Judith questionnait son amie, mais elle n'obtenait que de vagues réponses qu'elle ne comprenait même pas. Bien sûr qu'elle se posait la question ! Évidemment ! Elle ne s'attendait pas à se faire attaquer ! La main toujours sur son épaule blessée, Judith écoutait la réponse de la sorcière, n'y comprenant rien. « Je te jure que je ne comprends pas ! Il y avait ce miroir dans le salon et je suis arrivée ici... J'ignore comment ou pourquoi... » cette agressivité, cette méchanceté... Ce n'était pas Amaya. Si ? Elle avait changé, oui. Mais à ce point ? Non, une personne ne changeait pas en quelques jours, quelques heures à ce point-là. Et puis, elle n'avait aucune raison de s'en prendre à Judith ! L'humaine n'eut pas le temps d'en dire plus qu'elle sentit une immense douleur parcourir ses jambes. Une douleur si vive, si forte qu'elle ne put rester debout, s'écroulant lamentablement au sol. Il n'était pas difficile d'en connaître la source. « Je t'en prie, arrête Amaya... Je t'en supplie ! » elle ne pouvait pas faire mieux que supplier, la prier d'arrêter. Si elle l'attaquait ainsi, elle y resterait. Elle n'avait aucun moyen de se défendre. Ou plutôt, elle n'avait que de faibles moyens. La jeune femme utilisa alors la seule chose à sa portée, une sorte de vieux vase, pour le jeter sur la sorcière. Ce n'était pas grand chose, ce n'était pas lancé avec une force extraordinaire étant au sol, mais peut-être suffisamment pour la déconcentrée un instant, pour qu'elle relâche sa prise.

Aelis sentait ce besoin de vengeance monter en elle. C’est pourquoi sans perdre de temps, elle s’était mise à attaquer cette sorcière. Prise par son besoin de vengeance, Aelis ne voyait pas que cette femme en face d’elle ne comprenait pas la situation, du moins, la sorcière ne voulait pas le comprendre. Il s’agissait sans doute d’une ruse rien de plus. Ou avait-elle perdu la tête ? Cela ne changeait rien, elle était coupable et devait le payer.

Aelis ne l’avait pas fait venir jusqu’à elle, pourtant, elle était bel et bien là. La sorcière se fichait bien de qui l’avait envoyé ici ou de comment elle était arrivée ici. Ce qui comptait, c’était qu’elle était là. « Je me fiche bien de savoir comment tu es arrivée ici. Le pourquoi, en revanche, je crois savoir. Tout a un prix, tout se paye un jour. Tu as détruit ma vie, ma famille, tu dois le payer. Tu as été envoyée vers moi pour que je puisse me venger, venger toutes ses sorcières qui tu as conduit jusqu’à la mort. » Aelis en était soudainement certaine. Une force magique l’avait envoyé ici, c’était sa destinée, elle devait mourir des mains d’Aelis. C’était à elle de mettre fin à tous ces massacres. Et tout cela tombait bien puisque c’était exactement l’intention de la sorcière. Aelis voulait que cette sorcière souffre, elle lui infligeait de grandes douleurs dans les jambes, la faisait chuter. « Parce que tu supplies maintenant. Penses-tu que je vais céder face à la supplique d’un monstre comme toi ? As-tu décidé de mettre fin à tes atrocités en entendant toutes ces personnes te supplier ? Non, tu es restée impassible. Quand je t’ai supplié de ne pas lui faire de mal, tu n’as rien fait. Ne compte pas sur moi pour oublier et te laisser repartir. » Cette réaction fit sourire Aelis. Elle ne pensait pas voir cette immondicité la supplier un jour. Aelis voulait faire souffrir son ennemie, mais elle fut arrêtée pour éviter un vase. « Un vase ? Je te pensais plus douée. Je sais que tu peux mieux faire, lève-toi. » Voilà à quoi ressemblait cette sorcière qui faisait peur à autant de personnes. D’un simple regard, la brune commençait à faire ressentir une grande sensation de froid chez son ennemie. Un froid douloureux. Cette sorcière avait condamné des dizaines de sorcières à la souffrance, alors elle ne méritait pas mieux.

« Je n'ai jamais rien fait à ta famille, je te le jure ! Je ne m'en suis jamais prise à une sorcière... Je ne comprends pas. » suppliait-elle en tentant désespéramment de s'expliquer. Mais elle avait bien compris que, pour le moment, c'était peine perdue. La sorcière semblait complètement hors d'elle. Elle n'avait en tête que sa vengeance et n'écoutait rien de ce que l'humaine lui disait.

La blesser à l'épaule ne semblait pas suffire à Amaya. Il lui fallait plus pour une raison qui échappait à Judith. Qu'avait-elle pu faire pour mériter un tel traitement ? Elle l'attaquait désormais en lui provoquant une douleur atroce dans les jambes, une douleur qui ne lui permettait pas de rester debout. Pourquoi Amaya faisait-elle ça ? Judith ne pouvait s'empêcher de se poser ces questions, au sol, une main sur son épaule blessée. Allait-elle la torturer longtemps comme ça avant de lui donner des explications ou n'aurait-elle même pas le droit à ça avant d'être achevée. Judith n'avait pas la force de supporter une telle douleur et elle n'avait aucun moyen de se défendre, alors elle suppliait son amie. L'humaine ne reconnaissait pas Amaya. Comment pouvait-elle être aussi cruelle ? Comment pouvait-elle prendre un tel plaisir à faire souffrir ? Judith avait toujours été là pour elle et elle l'avait toujours soutenu du mieux qu'elle le pouvait. Elle ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas de souffrir sans comprendre pourquoi ou sans avoir une chance de se défendre. Amaya était en boucle sur ces histoires de sorcières, sur ces gens que Judith aurait fait souffrir. De quoi parlait-elle donc à la fin ? C'était insupportable comme douleur, c'était insupportable de ne rien comprendre ! Judith n'en pouvait plus, elle voulait que tout s'arrête. « Je ne comprends rien... » sa voix suppliante était accompagnée de larmes. Elle avait peur. Terriblement peur. « Je n'ai jamais fait de mal à qui que ce soit... Tu... » elle ne pouvait rien ajouter, se contentant d'attraper un vase pour le jeter sur son amie, espérant ainsi détourner son attention, suffisamment longtemps pour que la douleur s'arrête.

Aux mots de la sorcière, Judith tenta de se relever, voulant affronter la mort en face. Amaya devait voir celle qu'elle était en train de torturer. Son amie. Une humaine. Une innocente. Ces essais se soldèrent tous par des échecs, d'autant qu'elle subissait une nouvelle attaque désormais : une vague de froid qui lui donnait l'impression que tout son corps étaient en train de geler. Elle tentait de ramper jusqu'à un meuble, à quelques pas d'elle pour s'y abriter, consciente que cela ne changerait pas grand chose. Adossée au meuble en question, elle reprit la parole pour tenter de convaincre, de nouveau son amie. Elle n'avait pas beaucoup d'autres choses à faire. « Amaya, laisse-moi... t'expliquer, laisse-moi... une chance de me défendre... » tentait-elle de dire malgré la douleur et le froid qui la paralysait. « Je t'en supplie... Tu vas me tuer si... » elle fit une pause pour reprendre sa respiration devenue difficile avec ce froid. « si tu continues comme ça... » ne pouvait-elle pas avoir pitié de celle qui avait été son amie si longtemps ?

La colère était de plus en plus présente en Aelis. Le comportement de cette sorcière n’arrangeait rien. La brune voulait un combat, un réel combat, elle voulait des aveux, elle ne voulait pas que les choses soient si faciles. Elle avait passé tellement de temps à se préparer à ce combat et voilà, comment ça se passait désormais. Aelis s’était attendue à mieux, alors elle cherchait à énerver la sorcière, elle essayait de trouver le combat. Elle aurait pu mettre fin à ses jours en un claquement de doigts, mais la brune voulait faire durer le plaisir, sa vengeance ne devait pas être expédiée aussi facilement.

La seule défense de cette sorcière était donc de lancer un vase ? Cela avait fonctionné, une fraction de seconde, Aelis avait lâché son attaque. N’avait-elle pas de pouvoir lui permettant de se défendre, d’attaquer ? La voir comme cela n’était peut-être pas une si mauvaise idée. Si au lieu de mettre fin à ses jours Aelis lui ôtait toute magie ? Ainsi, elle serait vulnérable face au monde magique, ce monde qu’elle attaquait sans cesse. « Te défendre ? T’expliquer ? Et en quel honneur ? » Était-elle sérieuse ou simplement stupide ? Comment pouvait-elle espérer qu’Aelis accepte d’écouter sa défense ? « Penses-tu réellement que je me soucie de ton existence ? Je ne te comprends pas. J’avoue être totalement perdue face à toi. Je m’attendais à une personne plus puissante, je pensais que tu allais te défendre. Mais non, rien de tout cela. Regarde-toi, tu n’es qu’une pauvre fille, tu ne sais qu’implorer. C’est décevant, réellement. Je me prépare depuis des mois à ce combat et tu fiches tout en l’air en quelques secondes seulement. » Aelis, s’était assise sur l’une des chaises poussiéreuses de son ancienne maison. Faisant mine de bouder, elle était réellement déçue de ne pas pouvoir s’amuser à combattre, comme elle l’avait tant espérer depuis qu’elle souhaitait se venger. « Tu as raison, je ne vais pas te tuer. Pas tout de suite, pas comme ça. Ce serait trop rapide et si peu amusant… » La brune laissa échapper un soupire, réfléchissant à ce qu’elle pouvait faire de cette soi-disant sorcière. « Je ne sais pas ce qui t’amuse, je ne sais pas pourquoi tu ne veux pas utiliser ta magie, mais je peux te forcer à l’utiliser. » D’un simple geste de la main, Aelis, blessa son adversaire à l’épaule. Elle n’allait pas la tuer finalement, elle avait en tête un tout autre plan de vengeance, mais avant elle voulait tout de même goûter à ce combat qu’elle avait tant espéré, en partie du moins.

Le froid envahissait Judith. Il la paralysait. Elle avait l'impression de ne plus sentir son corps, elle avait des difficultés à garder les yeux ouverts et à parler. Toujours cachée derrière son meuble, elle suppliait Amaya de lui laisser le temps de se défendre et de s'expliquer. La sorcière refusait. Elle semblait terriblement en colère. Le mal avait-il gagné ? Amaya luttait depuis bien longtemps entre ses deux facettes, avait-il enfin remporté la victoire sur le bien ? Judith se refusait à le croire parce que l'accepter, c'était accepter son sort. Si Ama n'avait plus rien de sa meilleure amie, Judith allait certainement mourir aujourd'hui. Parce qu'elle était incapable de se défendre. Néanmoins, une chose ne s'expliquait toujours pas : comment avait-elle pu acquérir tant de nouveaux pouvoirs ?

L'humaine n'avait pas le temps de se poser davantage de questions que déjà la sorcière reprit la parole se moquant de la prière de Judith qui l'avait supplié d'arrêter avant de la tuer. Judith ne comprenait rien à sa tirade, à ses explications ou à sa colère et elle ne savait plus comment se défendre. « Une personne puissante ? » répéta-t-elle sans comprendre, puisant dans les forces qui lui restaient malgré ce froid qui la paralysait toujours un peu plus. « Je suis... » elle reprit son souffle, donnant tout ce qu'elle avait pour parler plus fort. « humaine ! » comment pouvait-elle espérer de la puissance venant d'un simple être humain ?

Un coup d'oeil avait permis à Judith de voir que son adversaire s'était tranquillement installée sur une chaise. « Arrête, s'il te plait... » elle suppliait, elle pleurait. Elle rêvait de voir sa famille débarquer, elle qui clamait sans cesse qu'elle pouvait se débrouiller seule. Elle avait mal, elle avait froid, elle avait peur. Elle ne voulait pas mourir là, seule. Elle ne voulait pas mourir, tout simplement. Pourtant Amaya venait bel et bien d'avouer qu'elle allait la tuer, lentement.

Cette dernière ne voulait rien entendre, elle recommençait à parler et, dans le même temps, blessa Judith à l'épaule. Encore. Les blessures commençaient à s'accumuler et Judith n'était pas la plus résistante, même si elle tenait tant bien que mal. « Je n'ai aucune magie... Tu n'arriveras à rien... » suppliait-elle toujours. « Je suis humaine, je n'ai aucun pouvoir... » soufflait-elle, puis elle sortit de sa cachette qui n'en était pas une. Se relevant avec difficulté, elle fit face à la sorcière malgré la peur. « Regarde moi ! » ordonna-t-elle, tentant d'avoir une voix assurée. C'était sa dernière chance. Il fallait qu'Amaya réalise son erreur. « Si je pouvais me défendre, je l'aurais déjà fait... Je suis blessée Amaya, j'ai besoin d'être soignée. Je ne suis pas une menace. Crois-moi. Je t'en supplie. » parce que ses épaules étaient blessées, parce que le froid bien que moins important était toujours présent, parce que son corps tout entier la faisait souffrir... Elle avait besoin d'aide. Elle avait besoin que son amie redevienne son amie. Elle n'était qu'une humaine que l'on avait toujours protégé, elle n'était pas faite pour affronter tout ça.

Aelis n’avait plus aucune limite. Elle était guidée par un esprit de vengeance qui n’avait jamais été si fort qu’à cet instant. Avoir cette sorcière en face d’elle ne pouvait qu’accentuer cette haine qui était en elle depuis la perte de sa sœur. La sorcière voulait faire souffrir celle qui lui avait fait tant de mal. La douleur d’Aelis avait été mentale, aucune blessure physique, mais des centaines de petites déchirures intérieures. La sorcière qui se trouvait face à elle, devait ressentir toutes ces blessures, toute cette souffrance. Aelis s’était donné cette mission, la juger et la faire souffrir pour venger toutes les sorcières qu’elle avait conduite à la mort, dont sa jumelle, sans oublier qu’Aelis était elle-même passé juste à côté, si elle n’avait pas réussi à fuir, elle serait morte également.


Aelis avait de nombreux pouvoirs qu’elle maîtrisait presque tous parfaitement. Depuis qu’elle avait perdu sa sœur, elle s’était entraînée à mieux les contrôler encore. Tout ce qu’elle voulait c’était être prête pour le jour où elle allait devoir accueillir celle qui hantait ses pensées depuis cette affreuse journée. Maintenant qu’elle était en face d’elle, la brune n’allait pas la lâcher, elle enchaînait les attaques magiques, prenant toujours soin de ne pas la tuer. Il était évident qu’elle devait souffrir avant de perdre la vie. Si Aelis l’avait tué tout de suite, elle n’aurait pas été satisfaite, car sa vengeance n’aurait pas été réelle. Surtout que la brune avait eu une idée meilleure encore. Elle voulait se venger par ses attaques, mais également en privant cette sorcière et toute sa descendance de leurs pouvoirs. Elle qui aimait tant la magie et qui s’en servait pour faire le mal, allait être privée de tout ce qu’elle aimait et n’allait plus être elle-même, elle allait devenir une simple humaine, faible et sans défenses. C’était une vengeance sans doute bien plus dure que la mort. « Une humaine ? Tu n’avais rien d’une humaine quand tu t’es permise de dénoncer ces dizaines de sorcières. Quand tu as conduit ma pauvre sœur à la mort. » Comment pouvait-elle dire qu’elle était humaine après tout cela ? Comment pouvait-elle croire une seule seconde qu’Aelis allait la croire ?


Aelis prenait plaisir à se venger, mais le fait de voir cette sorcière se laisser combattre sans réagir, n’avait rien d’amusant. La brune s’était alors assise sur une chaise, comme si tout cela n’avait rien de grave. « Cesse de supplier. Tu n’es vraiment pas amusante. Je pensais que j’allais pouvoir m’amuser un peu plus lors de notre confrontation. Je suis vraiment déçue. » Aelis était réellement lassée de l’entendre se plaindre et chouiner depuis le début de la confrontation. Ne pouvait-elle pas se comporter comme une véritable sorcière maléfique et user de ses pouvoirs pour se défendre et faire en sorte qu’Aelis ne s’ennuie pas pendant ce combat ? La sorcière parlait, ne laissant pas l’autre femme parler à son tour. « Tu m’agaces à la fin. Penses-tu que je suis idiote ? Penses-tu que je vais croire à tes sottises ? Je ne suis pas idiote, je sais que tu as des pouvoirs, je sais que tu n’es pas humaine. Seulement, je ne sais pas pourquoi tu te laisses atteindre comme cela. Je ne comprends pas pourquoi tu ne te défends pas. Sauf si en faisant cela, tu croyais que j’allais te laisser vivre sans me venger. Peut-être sais-tu que tu n’es pas capable de te battre face à moi et que c’était pour toi la seule solution. Je comprends totalement, mais désolée de te décevoir, ça ne fonctionne malheureusement pas. » Aelis, avait ce sourire si mauvais sur les lèvres. Elle s’était levée, avancée, pour faire face à son adversaire. Elle était désormais à quelques centimètres seulement d’elle. « Puisque tu sembles tant vouloir être humaine, je vais t’avouer un petit secret. J’avais justement dans l’idée de te faire souffrir, un peu comme je suis en train de le faire maintenant. Et juste après ça, j’avais bien envie de te priver de chacun de tes pouvoirs, te rendant ainsi tout simplement humaine. Sans oublier que je vais également essayer de priver tes descendants de cette même magie. Ainsi, tu devras vivre sans pouvoir, faible, sans défense et en pensant chaque jour que tu auras privé ta descendance de ce qui leur est dû. J’hésitais entre cette option et celle de te donner la mort. Finalement, j’ai tranché pour la première option, merci de m’avoir aidé à trancher. » Même si jusqu’à maintenant, la sorcière avait parler de la tuer lentement, elle trouvait cette idée bien meilleure et en la voyant là, faible et sans défense, elle s’était dit que cette idée était vraiment la meilleure façon de se venger. « Et pour te corriger, tu ne seras plus une menace bientôt. Pour tes petites blessures, ne t’en fais pas, je m’arrêterais juste à temps pour ne pas que tu en meures, mais pour le moment, je n’en ai pas terminé avec toi. » Aelis avait levé la main, pour faire venir jusqu’à elle le couteau qui se trouvait quelques pas plus loin. En une fraction de seconde, elle l’avait approché du bras de cette sorcière, avant de l’entailler, avant de récolter un peu de son sang. Bien évidemment, comme la sorcière saignait déjà, elle aurait pu en récolter ailleurs, mais cela n’avait rien d’amusant. « Merci pour ton don. Bientôt, tu n’auras plus à te soucier de ma vengeance. Quand tu seras une simple humaine, je me contenterais de te voir vivre ta petite vie misérable d’ancienne sorcière, désormais impuissante. Je crois que je vais vraiment aimer ça. » La brune fit quelques pas en arrière, avant d’aller déposer le mouchoir couvert de sang dans un bocal, il ne fallait pas qu’il s’abîme, elle en avait besoin pour lancer son sortilège.

Le corps de Judith n'était pas aussi résistant qu'elle l'aurait aimé. Elle avait mal. Elle souffrait. Elle ne comprenait pas les attaques de celle qui devait être son amie. Pourquoi ? Qu'avait-elle fait pour mériter ça ? Elle suppliait. Elle tentait de lui faire comprendre qu'elle n'était qu'une petite humaine sans défense. « Je suis humaine, je te le jure... » supplia l'humaine en pleurant. Combien de fois avait-elle, sans succès, déclara ça ? « Je n'ai jamais dénoncé personne, je ne suis pour rien dans la mort d'Anaya. » Elle était prête à supplier à genoux pour que le supplice s'arrête. Elle était prête à tomber à genoux pour qu'Amaya puisse voir toute la détresse de Judith. Jamais Judith n'avait fait le moindre mal à une sorcière, moins encore à Anaya. « Je l'aimais moi-aussi, elle était mon amie. » Pourquoi alors aurait-elle voulu lui faire du mal ? Judith aussi avait souffert de la mort de son amie et elle n'était pour rien dans sa mort.

Amaya s'installa sur une chaise, se moquant totalement de la douleur de Judith. Elle devait même prendre plaisir à regarder Judith souffrir, mais pourquoi ? Judith ne pouvait pas se battre, ne pouvait pas se défendre alors que pouvait-elle faire à part supplier ? Attendre son sort ? Quelque part, elle ne faisait déjà. Un sort qui était beaucoup trop long à arriver, selon elle. « Alors laisse-moi partir... Tu trouveras un jeu plus amusant. » puisqu'elle n'était pas amusante, puisqu'elle ne s'amusait pas, pourquoi ne pas la laisser partir ? Pourquoi perdre son temps ?

L'humaine était désormais debout, puisant dans ses forces pour tenir debout et montrer le mal qu'Amaya lui faisait. Il fallait qu'elle la voit, qu'elle comprenne son erreur. La sorcière ne la croyait pas, il n'y avait rien à faire. Elle refusait l'idée que Judith puisse être humaine. Que pouvait-elle faire pour lui prouver ? Si elle avait des pouvoirs, elle se serait déjà défendue depuis bien longtemps. Si Judith avait la moindre magie en elle, elle ne prendrait pas les coups sans broncher. Elle souffrait tant qu'elle se défendrait. « Mais regarde-moi ! » hurla-t-elle, malgré le souffle qui lui manquait. « Regarde-moi, ai-je l'air d'un monstre ? » lui demanda-t-elle en la voyant s'approcher, s'empêchant de reculer malgré la peur qui lui criait de le faire. Elle était blessée, faible... Pouvait-elle vraiment être ce monstre dont la sorcière parlait ?

La nouvelle menace de la sorcière était de la priver de ses pouvoirs ainsi que sa descendance. Mais quand comprendrait-elle qu'elle n'avait aucun pouvoir ? Judith n'ajouta rien, laissant simplement ses larmes couler. Elle avait mal. Elle ne voulait qu'une chose que tout s'arrête. Ses deux épaules étaient blessées, le froid avait blessé son corps, tout chez elle était douloureux. Alors, elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait du moment où la douleur cessait.

Judith commençait à se demander s'il s'agissait vraiment de son amie qui était possédée ou de quelqu'un qui lui ressemblait simplement. Elle lui semblait trop différente maintenant qu'elle la voyait d'aussi près. Elle avait le même visage qu'Amaya, mais son regard... Il était si mauvais, si noir. Ça ne pouvait pas être Ama. « Pourquoi ne pas me tuer, simplement ? » supplia l'humaine, à bout de force lorsque la sorcière jura de la blesser jusqu'à l'affaiblir sans la tuer. La sorcière fit alors venir un couteau à elle pour entailler le bras de Judith. Judith qui ne broncha pas, n'ayant plus la force de se battre ou de se défendre. L'humaine poussa simplement un grognement de douleur, tentant de reculer son bras sous cette dernière, par simple réflexe. « Je suis déjà une simple humaine... » souffla-t-elle dans un ultime espoir de lui faire comprendre. « Tu as mon sang, tu peux faire ce que tu veux maintenant, mais je t'en supplie laisse-moi partir. » Elle ne pouvait pas la priver de quelque chose qu'elle n'avait pas, alors peu importe. Tout ce qu'elle voulait maintenant, c'était rentrer chez elle. Après tout, elle n'avait plus besoin d'elle. Elle avait ce mouchoir de son sang dans ce bocal, pourquoi la torturer davantage ? « Je t'en supplie, laisse-moi partir... » supplia-t-elle une fois encore.

« D’accord, si tu le dis. » Bien évidemment, elle ne la croyait pas. Cette femme n’avait rien d’humain. En revanche, pourquoi est-ce qu’elle ne se défendait pas ? Pourquoi est-ce qu’elle se faisait passer pour un être faible ? Aelis n’avait pas la réponse. Elle ne comprenait pas. Elle subissait sans réagir, ce qui n’avait aucune logique, sauf si elle pensait qu’en faisant cela, Aelis allait l’épargner, mais elle se trompait lourdement. La sorcière avait envie de se venger, venger la mort de sa sœur, la disparition de ses parents. Et cette sorcière ne pouvait pas s’en sortir aussi facilement. « Je t’interdis de parler de ma sœur. Elle n’était pas ton amie. Tu n’étais pas non plus la sienne. Ma sœur ne pouvait pas apprécier le monstre que tu es. » La brune s’énervait, s’approchant de la sorcière, l’air plus que jamais menaçant. Cette fille n’avait pas le droit de parler de sa sœur, elle n’avait pas le droit de dire qu’elles étaient amies, pas après tout ce qu’elle avait fait, pas après l’avoir conduite à la mort.


Aelis faisait souffrir cette sorcière et elle aimait cette vengeance, enfin, elle avait l’impression de faire ce pourquoi elle s’était préparée ces derniers temps, le seul problème étant que la sorcière aurait aimé un véritable combat. « Te laisser partir ? Ma pauvre amie, n’a tu pas compris que je ne peux pas te laisser partir ? Tu as détruit ma vie, à cause de toi, rien n’est plus pareil. Et je souffre chaque jour de la perte de ma sœur, de la perte de mes parents. Il faut bien que la coupable paie pour le mal qu’elle a fait à des dizaines, des centaines de familles. »


Aelis s’approchait de ce monstre, alors qu’elle tentait de se tenir debout, essayant sans doute de se montrer forte. La dernière phrase prononcée par cette dernière la fit d’ailleurs sourire. Avait-elle l’air d’un monstre ? À première vue ? Non, son visage angélique cachait sa véritable nature. En revanche, quand on en savait un peu plus sur elle, on voyait en effet le monstre qu’elle était. « Ce visage hante mes pensées depuis que ma sœur a perdu la vie. Tu es celle qui l’a dénoncé aux chasseurs de sorcière. C’est pour cela qui l’on tué. À cause de toi ! Tu es l’unique cause de mon malheur. Alors, oui, tu as vraiment l’air d’un monstre. Et tout ce que tu pourras dire ne me fera pas changer d’avis. »


Finalement, la mort n’était pas assez douce pour cette horrible femme, pour cette tueuse, pour celle qui conduisait ses semblables à la mort. Une fois morte, elle n’aurait plus à payer pour ses crimes, alors Aelis eu une autre idée. Elle devait la priver de ses pouvoirs. En la privant ainsi, elle allait devoir souffrir d’être mortelle pendant une vie entière, sans oublier qu’elle allait priver sa descendance des pouvoirs qui auraient dus être les leurs.


« Simplement parce que j’ai changé d’avis. Te voir si vulnérable m’a donné une idée. La mort est bien trop douce au final. Te priver de tes pouvoirs, te rendre faible en revanche, cela est une bonne punition pour tes crimes. » La sorcière suppliait encore une fois, elle préférait la mort. Même si cela démangeait atrocement Aelis, elle devait se retenir, car son nouveau choix était sans doute bien plus amusant. Aelis entailla alors le bras de la sorcière, récoltant ainsi un peu de son sang. Cette dernière n’avait même pas essayé de se défendre, elle avait simplement poussé un léger grognement. « Cesse de répéter que tu es humaine, tu perds ton temps et ton énergie inutilement. » Cela commençait sérieusement à agacer Aelis, qui ne supportait plus de l’entendre répéter ces quelques mots. « Laisse-moi partir, laisse-moi partir… La ferme à la fin ! Tu m’uses à la fin. Comptes-tu te comporter comme une véritable sorcière ? Faire honneur à tes semblables une dernière fois avant de devenir un être faible ? » La lassitude se faisait entendre dans la voix d’Aelis. « Tu partiras quand je l'aurais décidé pas avant. » La brune fit avancer une chaise avec ses pouvoirs, forçant la sorcière à s’asseoir dessus, avant de lui geler les jambes. « Comme ça, tu es certaine de ne pas pouvoir partir tout de suite et tu arrêteras de me le demander. Il faut que tu assiste à mon sort, il te concerne tout de même. »


Aelis, commença alors à lancer son sortilège. Elle déposa le mouchoir de sang dans une sorte de chaudron, y ajoutant quelques ingrédients, et sans s’arrêter, la brune récita sa formule. Si tout avait bien fonctionné, cette sorcière n’en était plus une. Et si elle ne s’était pas trompée, sa descendance ne le deviendra jamais. « Voilà, je crois avoir réussi. Alors, on se sent différente ? »

Judith tentait tout ce qui était en son pouvoir pour raisonner Amaya qui semblait avoir complètement disjoncté. L'humaine savait les difficultés qu'avait son amie dernièrement, mais au point de lui faire du mal... Non, elle n'avait pas pu l'imaginer. Tout comme le fait de déformer la réalité. L'idée qu'Amaya puisse être sous le coup d'un mauvais sort effleura évidemment Judith, mais peu importe puisque de toute façon l'humaine ne pouvait rien hormis essayer de la raisonner en lui parlant. Judith évoqua alors Anaya, lui indiquant qu'elle était son amie à elle-aussi et que sa disparition l'avait également brisé. Ce n'était peut-être pas les bonnes choses à dire, mais que pouvait-elle tenter d'autre ? Elle avait déjà dit tant de choses, en vain. Amaya était menaçante, interdisant à Judith de parler de sa soeur. Elle se stoppa alors, n'ajoutant rien, comprenant qu'il était inutile d'insister si elle voulait éviter de recevoir une nouvelle attaque. A la place, elle la suppliait de nouveau pour pouvoir partir. Amaya reprit alors en lui refusant cela, évidemment et en précisant qu'elle ne pouvait pas, qu'elle devait souffrir comme elle l'avait fait souffrir. « Je suis désolée. Sincèrement désolée pour toi. » Ce n'était pas un aveu, même si on pouvait le croire, simplement elle était réellement désolée pour tout ce que devait vivre Amaya. Peut-être qu'en se montrant compatissante, Amaya serait moins violente et retrouverait la raison ? Il lui était toujours permis de rêver... Il ne lui restait pas grand chose d'autre, de toute façon.

Judith tentait de rester droite et digne. Amaya s'approcha d'elle, l'air aussi déterminée qu'avant, souriante tant elle méprisait Judith à cet instant. « Alors si rien de ce que je peux te dire ne te fera retrouver la raison... Fais ce que tu as à faire. » Judith se résignait. Elle n'allait plus supplier pour rester en vie, elle n'allait plus se cacher. Si la mort l'attendait, elle avait envie d'être courageuse une fois dans sa vie et de l'affronter en face. Mais même en la suppliant de lui donner la mort, elle refusait. Que voulait-elle donc à la fin ? « Tu perds ton temps, je n'ai pas le moindre pouvoir. » souffla-t-elle, sans même essayer de la convaincre. Elle pouvait lui faire perdre tous les pouvoirs qu'elle voulait, quelle importance pour Judith qui n'en avait aucun ?

Sans se débattre, l'humaine se laissa entailler le bras. S'il ne fallait que ça pour en finir, autant ne pas perdre de temps inutilement. Elle n'ajoutait plus rien, n'insistait plus sur le fait d'être humaine ou innocente. En revanche, elle tentait en désespoir de cause de lui redemander de la laisser partir. Elle avait son sang et elle ne voulait pas la tuer, alors elle ne lui servait plus à rien. Judith écoutait la réponse de celle qui avait été son amie sans réagir. Si elle avait eu le moindre pouvoir, elle ne se serait pas gênée pour l'utiliser, même sur Amaya. Alors, elle ne répondit rien, se contentant de regarder la sorcière, silencieuse. Elle craignait de réveiller de nouveau sa fureur si elle venait à trop insister. Pour être certaine que Judith n'insiste pas plus ou ne tente rien, Amaya la fit s'asseoir sur une chaise avant de lui geler les jambes, ce qui déclencha un cri de douleur chez l'humaine.

Elle voulait être forte, oui, mais elle n'y arrivait pas. Ses larmes coulaient sans qu'elle ne puisse rien y faire et elle était morte de peur. « Tu n'es pas obligée de faire ça Amaya, s'il te plaît. » Elle ne voulait plus supplier, mais la douleur était insoutenable. Il fallait que ça s'arrête.

Mais rien ne changea et Judith fut contrainte d'observer Amaya en train de lancer un sort. Elle préparait une sorte de potion avec le sang de l'humaine et récitait une formule. Le coeur de Judith accélérait, ne comprenant pas ce qu'elle était en train de faire. Elle ne pouvait pas la priver de pouvoirs qu'elle n'avait pas alors qu'allait-il lui arriver ? Peut-être rien, tentait-elle de se rassurer. A la question de la brune, Judith baissa les yeux, cherchant la meilleure réponse à donner pour ne pas la mettre en colère et pour se sortir d'ici. « Tu es une sorcière puissante, tu sais que ton sort a forcément fonctionné alors c'est bon, tu as obtenu ta vengeance... » Même si en réalité, ce qu'elle venait de faire n'avait servi à rien aux yeux de Judith. S'il fallait convaincre la sorcière qu'elle avait eu raison depuis le début et qu'elle avait désormais obtenu vengeance... Il fallait qu'elle le fasse. Elle devait utiliser tous les moyens à sa disposition, même si pour cela elle devait mentir à son amie.

Comment pouvait-elle dire qu’elle était désolée ? Après tout ce qu’elle avait fait, elle n’avait pas le droit. Elle n’avait même pas le droit de penser à elle. Elle était fautive. Jamais Aelis n’allait pouvoir lui pardonner. De toutes façons, depuis quand cherchait-elle le pardon ? Cette sorcière qui chassait les sorcières, qui prenait plaisir à les voir se faire capturer, enfermer, puis tuer. Comment osait-elle même faire semblant d’être triste, avec toutes les sorcières qu’elle avait assassinées. « Ferme-là ! Tu n’as pas le droit de demander pardon pour cela. » Aelis avait le regard noir, elle en voulait terriblement à cette femme. Et comment ne pas lui en vouloir ?

La brune s’approchait de son ennemie, elle souriait, mais ce n’avait rien d’un sourire sincère et amical. Bien au contraire. Il se voulait méprisant. « Je n’attendais pas ton approbation. Ne t’en fais pas pour cela. » En effet, rien n’allait lui faire retrouver la raison, car tout ce qu’elle faisait était justifié, mérité. La brune avait enfin compris qu’elle n’avait plus besoin de mentir en disant qu’elle ne comprenant pas, qu’elle n’y était pour rien… Elle avait compris que peu importe ses paroles, Aelis allait aller jusqu’au bout. Cette femme était le bourreau de sa jumelle, comment pouvait-elle lui pardonner, oublier et la laisser partir ? Elle ne pouvait pas. Jamais. « Je t’ai déjà vu à l’œuvre, je sais bien que tu es doté de pouvoirs surnaturels. Je ne suis pas une chasseuse de sorcière, alors tu n’es pas obligée de jouer ton petit rôle avec moi. Cela est inutile. » Ce visage, Aelis le connaissait, trop sans doute. Il n’arrêtait pas de lui apparaître la nuit, juste après avoir vu le corps sans vie de sa jumelle. Pas le temps de discuter. Aelis approcha son arme du bras de la sorcière avant de lui entailler, afin de récolter un peu de son sang. La brune en avait besoin pour lancer son sortilège, elle en avait besoin pour punir cette sorcière, elle qui prenait tant plaisir à posséder des pouvoirs, mais qui aimait les cacher pour jouer un rôle devant les humains qu’elle méprisait tant. Désormais, elle allait être comme eux, comme ceux qu’elle aimait imiter pour s’amuser, seulement maintenant, ça ne sera plus un jeu.

Pour que la future humaine ne tente rien qui pourrait irriter Aelis, cette dernière la fit s’asseoir avant de lui geler les jambes. Cette action fit hurler la traîtresse, de douleur sans doute et Aelis ne put s’empêcher de sourire, l’observant souffrir et pleurer. « Tu as donc bien un cœur. Je ne savais pas que cela était possible. Malheureusement, tu n’en as un que quand cela te concerne. » Aelis lâcha en soupire, s’approchant de nouveau de son ennemie. « Et justement si, je suis obligée. Pour venger ma sœur, pour venger toutes celles qui tu as conduite à la mort juste par plaisir. » La brune retourna aussitôt à sa place, pour continuer de lancer son sort. Elle y était presque. Sa vengeance était presque terminée.

Après quelques minutes, quelques ingrédients et quelques mots, la brune avait enfin terminé de lancer son sort. Cette sorcière n’en était désormais plus une. Enfin, seulement si tout cela avait fonctionné. « Merci de reconnaître ma puissance, mais comme tu te joues de moi en jouant les pauvres petites humaines depuis tout à l’heure, je vais vérifier qu’il n’y ait plus rien de magique chez toi. » Aelis prit donc une sorte de pendule, avant de prendre le sang de la sorcière. Elle récita ensuite une formule, celle qui aidait à retrouver une sorcière perdue, mais rien. Aucune sorcière à l’horizon. Parfait. Sa formule avait fonctionné. Ne pouvant s’empêcher de sourire, la brune s’approcha de Judith un large sourire aux lèvres. « Mon sort a fonctionné, tu n’es plus rien. » Aelis ne cachait pas sa joie. Bien au contraire. S’éloignant de nouveau de quelques pas, elle fit exploser la glace qui emprisonnait l’humaine, ne se souciant pas du potentiel risque qu’elle prenait. « Je te laisses dix secondes d’avance pour prendre la fuite. Ne traîne pas. » La brune fit un clin d’œil à la jeune femme, avant de s’asseoir sur la table. « Dix… Neuf… Huit… Sept... »